Camille Joubert est né en 1873 à Thiers, fait de brillantes études de médecine à Clermont et devient docteur à 26 ans. En 1900, il épouse Marguerite Faure et ils s’installent à Thiers. Durant la Première Guerre mondiale, il s’engage pour sauver un maximum de vies et cette épreuve le marque profondément. Il y rencontre une infirmière d’origine russe, Lydia qui devient sa femme après la guerre car Marguerite a tout quitté durant son absence. Ils sont tous les deux décorés pour leur engagement pendant la guerre et Camille obtient même la LH.
Nicole, leur premier enfant, est née en 1920, suivie par son petit frère Alain en 1923. Dans ces années d’entre-guerres, Camille adhère au SFIO et à une loge maçonnique, et il s’affiche clairement pacifiste avec sa femme. En 1935, il apparaît sur les listes électorales et devient premier adjoint, secondant ainsi le maire SFIO Antonin Chastel. Il multiplie ses engagements politiques avec son épouse qui est quant à elle un peu plus proche du PC (Parti Communiste).
L’entrée en guerre en 1939 est un choc pour la famille. Nicole, qui alors rentre à l’université, s’engage parmi les étudiants patriotes, une association clandestine qui fait suite à la fermeture de l’Union des étudiants communistes désormais interdite. Le 30 octobre 1940, Lydia est arrêtée avec Antonine Planche et est internée plusieurs mois en Lozère. Au même moment, Camille est suspendue de ses activités à la mairie de Thiers. Nicole est arrêtée à son tour en novembre et est condamnée à deux ans de prison en juin 1941.
A la fin de l’été 1942, M. et Mme Joubert sont tous deux assignés à résidence à Joze. A peine de retour chez ses parents, Nicole est prévenue qu’elle sera de nouveau arrêtée et elle entre alors dans la clandestinité en intégrant les FTPF autour de Saint-Etienne. Dès le mois de février 1943, son frère Alain la rejoint chez les FTPF et a pour mission de diriger un futur maquis.
Nicole est finalement arrêtée en mai 1943, Antonine Planche aussi, et condamnée à 4 ans de prison puis est déportée à Ravensbrück. Elle y subit nombre de monstruosités et marches forcées. Elle est libérée le 7 mai 1945 par les Canadiens. Son frère lui a rempli de très nombreuses et dangereuses missions et commande même le camp de Wodli en Haute-Loire jusqu’à la fin 1943. Seulement, un traître le dénonce et il est arrêté le 5 février 1944. Il est condamné à 5 ans de prison avant d’être envoyé à Dachau. Il y a été cobaye pour les médecins SS et pourtant survit à la déportation. Quant à leurs parents, ils sont mis à l’abri par les responsables des MUR et vivent près de Champeix sous une fausse identité. Camille Joubert meurt le 12 avril 1944 à 71 ans, il est inhumé sous son faux nom mais a droit en 1946 à des obsèques officielles.
Au sortir de la guerre, Lydia retrouve ses enfants au château de Brignat où elle a organisé un centre de repos et de rétablissement pour les prisonniers et déportés. Par la suite elle se retire à Joze où elle décède en 1959 à 75 ans. Son fils Alain Joubert meurt en 1996 et est inhumé au cimetière du Père Lachaise.