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Mémoires, valeurs et transmission

Commémoration des 78 ans de la rafle universitaire

Universités Clermont-Ferrand et Strasbourg

Tourisme de mémoire et enjeux mémoriels

Christine Lechevallier Professeure associée UCA

Didier Masurier Maître de conférences UCA

Tourisme et mémoire, associer ces deux termes peut étonner voire choquer, et pourtant les temps de loisirs peuvent être aussi un moment pour découvrir la culture et l’histoire d’un pays, d’une région. Cette histoire qu’elle soit lointaine ou récente, qu’elle soit ancrée dans des châteaux forts ou sur les plages du débarquement demeure toujours l’occasion de se souvenir, se remémorer. Pourtant le souvenir ne prend pas la même dimension sur les plages de Normandie, que dans les salons des châteaux de la Loire car la découverte de ces sites emblématiques ne poursuit pas les mêmes finalités.

Le tourisme de mémoire consisterait selon François Cavaignac et Hervé Deperne en « une démarche incitant le public à explorer des éléments du patrimoine mis en valeur pour y puiser l’enrichissement civique et culturel que procure la référence au passé »1. Pour Serge Barcellini2 il s’inscrirait dans un processus plus large, qui débuterait par un « Tourisme de Souvenir ». C’est celui des pèlerins, du recueillement, des commémorations pour se terminer par un tourisme qu’il qualifie de « Tourisme d’Histoire » qui se trouverait alors plus dans les musées ou les centres d’Interprétation. « En entrant dans le tourisme d’Histoire, le champ de bataille se désacralise et s’additionne à la cathédrale et au château comme lieu central de tourisme ». Dans ce parcours, le « Tourisme de Mémoire », comme temps intermédiaire, correspond à une phase d’explication, de pédagogie et de mise en perspective destiné à un public plutôt scolaire.

En fait, pour Atout-France « le tourisme de mémoire est la conjugaison de perceptions individuelles et collectives des conflits. Cet équilibre explique la diversité des approches et de la mise en tourisme opérée par les territoires »3. A ce titre, Il englobe tout à la fois les “lieux de mémoire” que sont les champs de bataille, les camps de concentration ou les stèles mais aussi les musées, les centres d’exposition. Il répond aussi à des enjeux de valorisation du patrimoine de l’armée et d’éducation civique4, mais au-delà, c’est la valorisation et le développement territorial qui sont recherchés. La France disposant de nombreux sites de mémoire liés aux conflits contemporains, leur visite offre un nouveau levier d’attractivité à l’offre touristique traditionnelle et de vitalité économique aux territoires.

Le tourisme de mémoire a connu un renouvellement de son image ces dernières décennies, et nous verrons qu’il rassemble de plus en plus de visiteurs, ensuite nous remarquerons qu’il propose des offres touristiques diverses et variées, pour envisager enfin, celle qui a été imaginée par des étudiants clermontois et qui pourrait répondre aux enjeux mémoriels demain…

I- L’émergence du tourisme de mémoire

Les sites de combats se sont très tôt inscrits comme lieux de pèlerinage et de mémoire, sans toutefois être reconnus comme des lieux de tourisme. Cette mise en tourisme récente est étroitement liée à une volonté politique de transmission et de valorisation de notre histoire contemporaine.

A- Une innovation du XXIème siècle

Si la terminologie tourisme de mémoire apparaît au début du 21ème siècle, le fait lui n’est pas récent comme l’a souligné Serge Barcellini et comme le rappellent également les commentaires audiophones de l’exposition du fort de la Pompelle à Reims : « dès la fin des combats, de nombreuses personnes se déplacent sur les lieux des combats des champs de bataille de la Marne, à la recherche d’indices qui témoigneraient de la présence d’un proche ». Des entreprises et des médias mirent à profit rapidement ce besoin de mémoire. Ainsi Michelin, dès 1917, décide de réaliser des guides de champs de bataille (ainsi celui de la Marne/Ourcq, puis Verdun en 1919, et ensuite dans les années 20). Dans les années 1920 et 1930 un premier tourisme de mémoire va se développer. Les anciens combattants reviennent sur les lieux de leurs épreuves et souffrances, les familles des tués ou des disparus viennent se recueillir, communier sur les sites des combats, et, les civils qui n’ont connu la guerre que depuis l’arrière du front viennent se faire photographier sur les lieux. Les pratiques comme l’enjeu commémoratif ne furent pas unanimes, après le premier conflit mondial, comme le rappelle Rémi Dalisson à propos du 11 novembre (commémoration créée en 1922) « la création de la fête nationale du 11 novembre fut donc longue et, malgré le poids des souffrances, jamais consensuelle. Mais son rituel particulier s’est vite enraciné et n’a jamais disparu..5»

La notion de lieu de mémoire6, qui associe un souvenir et un espace, la mémoire s’inscrivant en des lieux symboliques, elle désignait, entre autres, des lieux où la violence s’était manifestée pendant les conflits, comme par exemple les tranchées de Verdun ou les camps d’internement 7. Aujourd’hui cette expression inclut toutes les formes de manifestations liées à l’histoire : des musées où sont préservés des objets, des centres d’interprétation où l’art transfigure la mémoire, des monuments mémoriaux. En fait c’est le territoire tout entier qui cherche à valoriser la dimension mémorielle8. Paule Petitier parlera aussi d’un musée d’Orsay du souvenir9. Le tourisme de mémoire concerne surtout l’histoire du XXe siècle, et notamment celle des grands conflits deux guerres mondiales.

Toutefois, le tourisme de mémoire émerge réellement en France au début des années 2000, lorsque les secrétariats d’État en charge du Tourisme et des Anciens Combattants se rapprochent pour permettre la transmission de la mémoire des conflits du XXe siècle aux jeunes générations et signent la « Convention Tourisme de Mémoire », le 9 février 2004, à Lille 10. Celle-ci veut mettre en exergue la valeur touristique des sites de mémoire en favorisant leurs aménagements (information en plusieurs langues, mise en réseau, stationnement, etc.) et la promotion de ces sites, en particulier dans les zones ne disposant pas toujours d’attraits touristiques majeurs.

Depuis 2014, de nombreux événements commémoratifs ont eu lieu dont le cycle dédié au Centenaire de la Première Guerre mondiale qui met en lumière un patrimoine méconnu contribuant ainsi à une hausse de la fréquentation des lieux de mémoire de plus de 25% par rapport aux années précédentes11. De même, les célébrations pour le 70ème anniversaire de la bataille de Normandie ont contribué à développer cet intérêt historique et mémoriel et ont été autant de temps forts pour le tourisme de mémoire en France. En 2016, 12 millions de visiteurs ont découvert un lieu de mémoire dont 1 million de scolaires12. Parmi les sites les plus fréquentés figurent : le cimetière de Colleville-sur-Mer, le Mémorial de Caen, Utah Beach, le Mémorial de Verdun, le musée de l’armée, les champs de bataille de la Somme et des Ardennes… Ils sont visités aussi bien par des étrangers (Américains, Australiens, Anglais, Canadiens, Allemands, Belges…) que par des Français. « Les Anglo-Saxons se rendent souvent en pèlerinage sur la tombe d’un aïeul » a sou-ligné Geneviève Darrieussecq13, retrouvant en cela les comportements des premiers visiteurs des sites mémoriels.

Depuis une vingtaine d’années, l’augmentation se confirme d’année en année, pour atteindre des records en 2019avec une fréquentation de 15,2 millions d’entrées, dont 1,3 million de scolaires et 3,4 millions de visiteurs étrangers. Cette augmentation se chiffre à +3,7 % par rapport à 2018, qui était déjà elle-même, une année à succès. La région Normandie connaît également une affluence très importante, liée au 75e anniversaire du débarquement : ses sites enregistrent 6,4 millions d’entrées soit 42,1% du total 14.

B- La promotion du tourisme de mémoire

Au-delà des temps ponctuels de célébration, le ministère chargé du tourisme et le ministère des armées qui souhaitent faire du tourisme de mémoire une composante pérenne de l’offre touristique et une destination touristique à part entière, travaillent de concert à la structuration de la filière du tourisme de mémoire autour de trois objectifs principaux : accroître les flux touristiques et les retombées économiques sur les territoires concernés, améliorer la qualité de l’accueil proposé aux clientèles, faire émerger à l’international une destination touristique attractive de mémoire et d’histoire 15. Cependant ce tourisme spécifique doit s’insérer dans l’offre générale. Les actions conduites s’inscrivent dans cette perspective. Ainsi, un référentiel spécifique aux lieux de mémoire accompagné d’une charte éthique a été créé au sein du dispositif national « Qualité Tourisme » permettant en 2018, à 32 sites de mémoire à travers le territoire national de bénéficier de cette marque. De même, deux contrats de destination, « Centenaire de la Grande Guerre » et « Tourisme de mémoire en Normandie », ont été signés pour fédérer les acteurs d’un territoire autour d’une thématique identifiée, et construire ensemble une offre cohérente et lisible.

Par ailleurs, trois appels à projet visant à soutenir la création de services numériques innovants ont été lancés sur ces cinq dernières années. « Leur objectif est de répondre aux attentes des visiteurs, en matière de découverte des points d’intérêt touristique, de services d’accueil et de médiation, afin de faciliter la compréhension du lieu et des événements qui s’y sont passés, de proposer une expérience de visite vivante et marquante, et de susciter de nouvelles motivations de visite »16. Enfin, depuis 2011 les Rencontres du Tourisme de Mémoire, rassemble les acteurs de la mémoire et du tourisme autour de l’État pour partager leurs expériences et améliorer la mise en valeur touristique des sites de mémoire.

Développer le tourisme de mémoire constitue bien un enjeu civique et pédagogique, afin de favoriser la transmission de ce patrimoine aux générations futures. Moderniser cette offre apparaît également un enjeu culturel et touristique, afin de préserver ces vestiges comme témoins d’une époque et contribuer au dynamisme économique des territoires.

II- Mémoire et tourisme : des relations renouvelées…

Le tourisme de mémoire qui connaît en ce début de XXIème siècle, un engouement, s’inscrit dans une modernisation des sites et une valorisation patrimoniale du territoire.

A- Une mise en récit rénovée

La France dispose du plus important patrimoine de mémoire au monde avec une multitude de sites emblématiques des derniers conflits et environ 400 musées. Certains lieux de batailles ou des cimetières militaires sont devenus très rapidement des sites de commémoration, d’autres en revanche sont restés des espaces plutôt en retrait de l’intérêt des touristes. Néanmoins, on constate depuis une trentaine d’années que de plus en plus de structures mettent tout en œuvre pour faire connaître et valoriser ce patrimoine historique. Le rôle de ces sites est d’apporter des éléments de compréhension aux visiteurs aussi les offres ont fortement évolué, notamment pour répondre aux attentes d’un public nouveau, qui n’a pas vécu la guerre 17, en particulier les scolaires. De ce fait, les techniques scénographiques utilisées mettent en scène tous les acteurs du conflit qu’ils soient militaires, civils, victimes ou héros, tout en les resituant dans leur contexte environnemental et paysager. Par des procédés aussi plus ludiques, elles veulent rendre le visiteur acteur de sa visite dans un parcours plus humain et moins guerrier. Aujourd’hui pour attirer un large public, il ne suffit plus d’exposer des objets, ces lieux de mémoire doivent “faire vivre” l’expérience du conflit aux visiteurs18.

Le mémorial de Caen s’est ainsi interrogé sur le procédé le plus judicieux pour renouveler son offre à destination des jeunes publics afin de les interpeller sur les événements passés. Le storytelling et les diverses solutions numériques intelligentes (applications mobiles, circuits audio…) constituent autant d’outils efficaces de mise en tourisme, et deviennent opportunes dès lors que sur le terrain, les traces du conflit sont peu parlantes ou ont disparues19. On peut également citer le musée de la Grande Guerre du pays de Meaux (Seine et Marne) qui a ouvert ses portes en novembre 2011 et « qui a l’ambition d’infléchir le développement touristique local et d’être un élément important du dispositif de mémoire consacré à la Première Guerre mondiale, et ce, d’autant qu’il s’appuie sur une collection exceptionnelle. Plutôt que d’apporter des réponses, la muséographie, innovante pour ce type de musée, vise à poser des questions »20.

Ce regain d’intérêt a ainsi favorisé la modernisation de certains sites de mémoire. « On est loin des musées ou des sites poussiéreux » 21. Les collectivités territoriales et le ministère des Armées ont pris le relais des associations et des bénévoles pour réhabiliter certains de ces lieux comme par exemple le Mémorial du mont Faron et moderniser l’offre touristique 22. Le Mémorial de Verdun lui aussi a été entièrement rénové. « Il propose une approche plus interactive avec une visite virtuelle, des films d’époque…»23. On constate donc que les sites adoptent désormais des scénographies plus ludiques, créent des animations 3D, des bornes tactiles, des parcours vidéo-guidés et proposent davantage d’animations. Par exemple, un jeu intitulé « Vadrouille la Grenouille », est organisé sur le champ de bataille de Verdun pour faire découvrir le site aux enfants. Ce succès du tourisme de mémoire s’est confirmé en 2018 avec la réouverture du musée de la Clairière de l’ Armistice à Compiègne et dans cet élan, d’autres espaces de mémoire ont été initiés tel l’historial de Thiepval (Somme) en 2016.

Autres innovations ces dernières années : la création de spectacles sons et lumières faisant la part belle aux événements historiques, comme à Pozières (Somme), à Bridiers (Creuse), à Verdun (Meuse). De même, les acteurs du tourisme ont inventé de nouvelles manières de découvrir l’Histoire, comme le Vélo route de la mémoire reliant Arras à Amiens qui permet de découvrir à vélo les monuments dédiés à la Grande Guerre dans la Somme. Outre ces sites et lieux de mémoire liés aux combats, il faut également mentionner les lieux de mémoire des répressions et victimes civiles, comme le centre de la mémoire d’Oradour sur Glane, avec des expositions virtuelles sur des familles du village martyr, d’autres expositions temporaires sur les répressions et massacres de civils au XXe et jusqu’à nos jours… On notera que le scénographe du Mémorial de Caen (inauguré en 1988) et de ce centre de la mémoire à Oradour (inauguré en 1999) est Y. Devraine. Architecture et mise en valeur commémorative se rejoindraient ainsi dans une œuvre mémorielle, matérielle et immatérielle convergente…

B- Une mise en récit plus inclusive

Le tourisme de mémoire en incitant le public à explorer des éléments du patrimoine lié aux conflits mondiaux a vu son offre touristique se diversifier en ce XXe siècle. Les visites des sites proposés peuvent être classées en cinq catégories24, à savoir : les sites témoins que sont les lieux même des événements, telles les plages du débarquement ; les sites commémoratifs que sont les lieux de recueillement et de souvenirs avec les nécropoles au nombre de 265 25 et les cimetières et carrés militaires ; les sites pédagogiques que sont les musées et les centres d’interprétation qui présentent et contextualisent les évènements historiques ; les sites informatifs qui sont tout à la fois lieu d’information et de témoignages comme les routes et circuits, et enfin les sites à vocation multiple qui combinent les sites précités. Nombre de ces sites sont classés hauts lieux de la mémoire nationale26, et se localisent essentiellement en Normandie, le Nord et Nord Est, et le Sud-Est de la France métropolitaine.

Cependant si toutes les régions n’ont pas le même potentiel ou la même fréquentation, toutes recèlent un patrimoine mémoriel à offrir à la découverte des locaux ou des visiteurs. Ce patrimoine s’inscrit dans le quotidien d’un territoire, parmi d’autres patrimoines, qu’ils soient naturels ou architecturaux, gastronomiques ou plus largement culturels ; il les complète et les enrichit en faisant découvrir des lieux et des évènements demeurés bien souvent méconnus. Si ce patrimoine ne constitue pas une destination touristique à lui seul, il peut être révélé dans une offre plus globale, ainsi valorisé il pourra contribuer à l’apprentissage d’une citoyenneté, d’une conscience collective. Il va ainsi s’ancrer sur les richesses locales et se dévoiler dans le cadre parcours de découverte. C’est par exemple le cas de Chartres qui invite le touriste à plonger dans les vestiges et témoignages des grands Hommes et grands faits de l’Histoire qui ont marqué la ville et ses alentours à travers une balade marquée par 10 sites principaux auxquels s’ajoutent de nombreux autres lieux monuments, plaques, voies, places et rues, unissant en un même parcours, héros célèbres ou anonymes de l’Histoire  « Parce que le devoir de Mémoire est une évidence, prenez le temps de découvrir en famille le Chemin de Mémoire à Chartres, formidable moment d’échanges et de partage intergénérationnel »27.

III- Les randonnées Tourisme et mémoire 

Depuis bientôt cinq ans, le master 1 Accompagnement culturel et touristique des territoires (ACTT) de l’UCA, a contractualisé des partenariats avec des associations, en particulier la SMLH et les Boucles de la Mémoire, dans le cadre de projets pédagogiques concrets et professionnalisant pour s’inscrire dans cette démarche du tourisme de mémoire. L’approche plus disciplinaire qui a été privilégiée sera aussi illustrée de quelques exemples.

A- Une approche patrimoniale plurielle

Mêler mémoire, tourisme et culture dans des parcours de randonnée est aussi l’approche que des étudiants de master ont imaginée dans le cadre de leur formation pour promouvoir la mémoire. Il a été choisi, en accord avec les partenaires, de valoriser les lieux de mémoire de la Seconde guerre mondiale : Monuments, stèles, musées, lieux caractéristiques existants sur tout le département du Puy-de-Dôme et de les associer avec des lieux touristiques, au travers de balades et randonnées animées, guidées (à l’aide d’outils NTIC). Ce type d’activités touristiques est de conception originale car il met en œuvre une architecture inédite de circuits de randonnée. Avec ses 3700 kms de chemins balisés, le département du Puy-de-Dôme s’inscrit déjà comme un territoire naturel et de randonnées28. Ainsi, La balade et les circuits aménagés feront office d’entremetteur entre sa fonction première qu’est la promenade et la dimension pédagogique et ludique qui pourra être développée au travers de jeux de pistes, d’énigme, de rallyes ou chasse aux trésors. Sans vouloir rivaliser avec la Normandie et le Nord, les différents circuits pourraient former une route touristique et mémorielle qui aurait pour mission de rappeler que le territoire puydômois a été aussi un lieu de résistance pendant la seconde guerre mondiale.

La randonnée met en lien les espaces, les usages et les hommes. Tout d’abord, il s’agit de transmettre la mémoire aux plus jeunes, tout en l’inscrivant dans une démarche globale dynamique, attractive, pédagogique et citoyenne où se mêlent tout à la fois culture, histoire, patrimoine naturel et activité physique. Ensuite le partage est au cœur de l’activité afin que chacun puisse trouver au moins un attrait dans la randonnée en rapport à ses centres d’intérêt mais également découvre et échange sur des sujets nouveaux de curiosité. Les itinéraires proposés offrent l’avantage d’être complémentaires et mixtes par leur intérêt mémoriel et patrimonial, leur parcours pédestre ou motorisé, certaines balades peuvent même proposer des alternatives à la découverte en voiture, avec des mobilités douces à pied ou à vélo ; ou nature, à cheval. Enfin, ces « randos mémoire » inédites, seront accessibles à tous les publics de l’école jusqu’aux clubs de retraités. Les événements de la Résistance en Auvergne conservant un enracinement local important, les programmes de l’éducation nationale peuvent trouver une illustration locale lors de l’étude de la Seconde guerre mondiale. De même, ces balades par leur diversité sont autant d’activités familiales et intergénérationnelles. De plus, le département depuis l’inscription de la « Chaîne des puys, faille de Limagne » au patrimoine mondial de l’UNESCO attire de nombreux touristes, français et étrangers.

B- A la découverte du Puy-de-Dôme

Les randonnées proposées sont très diverses et puisent dans les richesses des territoires prospectés. On peut citer un itinéraire accessible aux personnes à mobilité réduite à travers Clermont, empruntant le réseau de transport en commun, un circuit de géocaching dans les Combrailles, un circuit avec quizz sur Vollore Montagne, des circuits avec témoignages (par QR code) d’anciens résistants sur Thiers et Besse, ou encore des circuits sur le territoire d’Ambert Livradois Forez avec un jeu de pistes qui sollicite les randonneurs afin de replacer une figure de poilus sur les monuments aux morts au fil d’un parcours balisé, un itinéraire cycliste dans le maquis d’Arlanc, etc…

Ainsi, le département du Puy-de-Dôme a été couvert presque dans son ensemble au fil de ces dernières années et de ces partenariats de projets, avec l’objectif d’associer des cheminements mémoriels et des visites de sites culturels et ou naturels, pour sensibiliser de jeunes publics et des scolaires et leur transmettre une conscience historique partagée, mais également d’inviter d’autres visiteurs au souvenir de ces moments tragiques d’une histoire commune ici et en France… A terme, le projet de concevoir une exposition itinérante sur le territoire du département permettrait de mettre en valeur le travail mené par ces équipes d’étudiants et leurs enseignants en lien avec les partenaires associatifs au service d’un travail de mémoire et de conscience citoyenne partagés.

Pour conclure…

Un certain engouement semble se confirmer pour le tourisme de mémoire, alors que paradoxalement les grands conflits du 20ème siècle s’éloignent de plus en plus et tous les sites de mémoires, emblématiques ou non, nous invitent à ne pas oublier à l’heure même où les témoins directs ont pour la plupart disparu. Il s’agit bien alors avec ces jeunes étudiants et les projets réalisés d’entretenir ainsi une mémoire vive du passé, et d’envisager une conscience commune apaisée du futur, tout en évitant « les conflits mémoriels » et les visions contraires de ce passé comme le rappelait Éric Panthou à propos de l’Auvergne et des enjeux mémoriels pour les résistants et les historiens qui s’y attachent depuis la seconde guerre mondiale29. S’attacher aussi dans ce tourisme de mémoire « à faire valoir sans prescrire » pour reprendre la formule de Charles Heimberg30.

Et finalement, comme le soulignait Jean-Didier Urbain, « Ainsi le tourisme de mémoire permet un travail de deuil, pour non seulement se souvenir et connaître, mais aussi accepter ce qui s’est passé. De ce fait, il participe à un grand rituel nécessaire à la paix sociale en faisant se rencontrer conscience individuelle et conscience collective en une seule : la conscience du monde.»31.

1  Les Chemins de mémoire. Une initiative de l’État »  dans cahier Espaces n°80 – Décembre 2003, p. 12

2 Discours prononcé aux Assises du tourisme de mémoire le 26 mai 2011

3 « Le tourisme de mémoire en France – Mesure et analyse du poids et des retombées économiques de la filière » Edition Atout-France, Coll. Observation touristique, novembre 2012, p.170

4 Voir le dossier « Tourisme de mémoire » dans revue Espaces tourisme et loisirs, n° 313, juillet 2013

5 Cf. « La création du 11 novembre : un enjeu mémoriel complexe (1918-1922) » p.4

6 Voir P. Nora, « Les lieux de mémoire », Paris, Gallimard, 1993

7 https://www.tourisme-espaces.com/doc/8824.lieux-memoire-valeur-sociale-plus-touristique.html

8 https://www.tourisme-espaces.com/doc/8983.tourisme-memoire.html. Anne Bourgon « Les lieux de mémoire, une valeur sociale plus que touristique » dans dossier « Tourisme de mémoire » revue Espaces tourisme et loisirs, n° 313, juillet 2013.

9 Ajoutant « … Dans les salles de ce musée, les souvenirs s’appellent métonymiquement, La Marseillaise évoque les trois couleurs, qui entraînent la mairie, qui donne la main aux monuments aux morts et l’écheveau de notre mémoire républicaine se dévide… » Cf. Paule Petitier, note critique « Les Lieux de mémoire, sous la direction de Pierre Nora ». In: Romantisme, 1989, n°63. Femmes écrites pp.103

10 https://www.tourmag.com/I-Tourisme-de-Memoire-puiser-l-enrichissement-civique

11 https://www.entreprises.gouv.fr/fr/tourisme/tourisme-de-memoire-france-levier-d-attractivite

12 https://www.20minutes.fr/economie/2238423-20180316

13 Ibid.

14 www.lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2020/08/21/15-2-millions-d-entrees-dans-les-lieux-de-memoire-des-conflits -21381.html

15 http://www.atout-france.fr/node/218

16 http://www.defense.gouv.fr/memoire/a-la-une/innover-pour-le-tourisme-de-memoire

17https://www.tourisme-espaces.com/doc/8983.tourisme-memoire.html. Article extrait de « Tourisme de mémoire » Claude Bouliou

18 Ibid., Didier Borreli

19 Ibid.

20 Ibid., Bruno Crespin et Michel Rouger

21 https://www.20minutes.fr/economie/2238423-20180316. Annick Vidal, l’offre touristique a su se moderniser

22 Ibid

23 Ibid.

24 Ecodef, bulletin de l’observatoire économique de la défenses N°99, octobre 2017

25 https://www.defense.gouv.fr/memoire/memoire/sepultures-et-monuments-aux-morts

26 Classement par arrêté du 20/03/2014

27https://www.chartres-tourisme.com/explorez/tourisme-de-memoire/

28 www.puy-de-dome.fr/territoires/tourismes/randonnées.html

29 UCA Communication du 24/11/2021 « La résistance, une mémoire en héritage »

30 UCA Communication du 24/11/2021 « Musées, mémoires et transmission après les témoins »

31 Cf. « Le tourisme de mémoire un travail de deuil positif » Dossier Tourisme de mémoire, décembre 2003, Cahier Espaces n° 80 p. 7

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