Itinéraire de La Bourboule

Localisation (départ) : Hôtel des Anglais
Mode de déplacement : randonnée à pied
Distance : 2,52 km
Durée : 56 min
Dénivelé : 30 m
Difficulté : Débutants
Faisable toute l’année 
Accessible aux personnes à mobilité réduite

Pourquoi ? La résistance a été très présente à La Bourboule. Plusieurs résistants ont été tués par la Gestapo, et cette randonnée vise à transmettre ces histoires et ces combats menés par des hommes courageux.
Où ? Au départ de l’hôtel des Anglais, le circuit fait une boucle et retourne à son point de départ. Ce circuit étant strictement en ville, les randonneurs sont libres de se balader sans retourner au point d’arrivée, et de continuer de découvrir la ville !
Intérêts ? Ce circuit dans la Bourboule vous en apprend plus sur la résistance dans la ville thermale. Il permet également de découvrir ou redécouvrir le patrimoine local, les thermes, la Dordogne…

Carte

Victor Canitrot, QGIS

Présentation détaillée de la randonnée

Point de départ et première étape : Hôtel des Anglais, La Bourboule

Durant la Seconde Guerre mondiale, deux villas de la Bourboule accueillent des enfants juifs. La « villa gracieuse » et l’hôtel des Anglais. Ce dernier a accueilli les enfants juifs de l’œuvre caritative La Guette, fondée par Germaine de Rothschild. Cette dernière décide de recueillir 125 enfants juifs allemands en 1938 — dont les parents ont été arrêtés — dans son château de la Guette. D’abord en Seine-et-Marne, la signature de l’armistice en 1940 et l’occupation du Nord de la France forcent l’œuvre caritative à s’exiler à la Bourboule¹. C’est Flore Loinger qui s’occupe de ses enfants. Son époux, Georges Loinger, est un prisonnier de guerre, qui s’évade pour rejoindre sa femme. Il devient un résistant.

Seulement, la ville de la Bourboule est assez hostile aux juifs et il est décidé de fermer l’hôtel des Anglais. Les enfants sont dispersés dans des maisons de l’OSE (Organisation de Secours à l’Enfance). La ville ayant eu plusieurs rafles et une municipalité pro Pétain, cette fermeture fut probablement une bonne chose. En effet, l’association des enfants de la Guette était publique et il était donc reconnu qu’il s’agissait de juifs². A contrario, la villa gracieuse, une maison pour jeunes asthmatiques, cachait des enfants sous de fausses identités pour les protéger. Ainsi, les gérants de la Villa Gracieuse, Georges et Marie-Louise Mazeau, ont été reconnus Justes Parmi les Nations !³

Deuxième étape : Le Rendez-Vous des Artistes

Rendez-vous des Artistes est une galerie d’art située au cœur de la Bourboule, et est tenue bénévolement par des artistes de la région. On y trouve aussi bien des artistes français qu’internationaux. En plus d’un espace d’exposition, on retrouve un espace boutique, mais aussi un espace atelier qui permet aux touristes, lors des saisons, de venir peindre⁴.

Troisième étape : La ville de la Bourboule

Au 19e et 20e siècle, la ville de la Bourboule était nationalement connue pour ses thermes, et attirait beaucoup de touristes en cure. Cet afflux de touristes, chaque saison, a fait de La Bourboule une ville prospère. Divers aménagements ont ainsi été construits, comme le casino, afin de satisfaire les curistes de passage. La particularité de l’architecture de la ville réside dans la grande influence des thermes : carrelage sur les ponts, bâtiments du début du siècle en colonnades et en blanc… La ville de la Bourboule recèle de bâtiments à l’architecture intéressante. Outre les bâtiments, la nature a aussi sa place dans la ville : les berges de la Dordogne sont reconnues comme un lieu touristique incontournable.

Quatrième étape : Le parc Fenestre

Situé au cœur de la ville de La Bourboule, le parc Fenestre comprend 12 hectares de nature, d’attractions pour les enfants et d’espaces de pique-nique… Des grands toboggans aux manèges, le parc Fenestre s’adapte aux enfants de tous les âges et propose des activités familiales, ce qui en fait un lieu touristique incontournable de la ville.

Cinquième étape : Le musée « Minéralexpo »

Le musée « Minéralexpo » expose divers minéraux, instruments scientifiques et objets utilisés dans les mines, et propose des visites guidées ! En plus d’une partie exposition, on retrouve une boutique qui vend des fossiles et des bijoux.

Sixième étape : Église Saint-Joseph de la Bourboule

L’église Saint-Joseph de la Bourboule a été construite entre 1885 et 1888 avec de la lave blanche et d’autres matériaux volcaniques de la région. Avec son architecture romane, cette église est un élément important du patrimoine local.

Septième étape : L’hôtel du Globe de la Bourboule

Le 27 avril 1944, la Gestapo investit l’hôtel du Globe de la Bourboule. Ils arrêtent le propriétaire Marcel Bouchaudy, la gérante Emma Chassaing, le cuisinier Erwin Ringer qui est un réfugié allemand, ainsi qu’un homme nommé Anglard. Les résistants Abel et Raymond Rozier sont arrêtés dans leur pâtisserie avec leur neveu Pierre Boissier, et sont conduits à l’hôtel par les Allemands.

Quelques jours avant cette rafle, deux résistants (Buron et Irma) sont arrêtés non loin de l’hôtel. L’étau se resserre pour les résistants « sédentaires » de la Bourboule, puisque plusieurs perquisitions sont réalisées dans les maisons de personnalités soupçonnées d’être des partisans de la résistance (les frères Rozier). Les sédentaires sont des résistants qui ne partent pas aux maquis et restent en ville. Ils servent de liaison avec Londres, coordonnent des parachutages, distribuent des tracts et journaux (comme le journal de résistance Libération, imprimé à La Bourboule), accueillent les réfractaires aux STO et les redirigent vers les maquis. Cette position de sédentaire est dangereuse puisque les autorités peuvent les surveiller. Ils peuvent également se faire dénoncer par les collaborateurs et les familles des résistants deviennent aussi des cibles. Par exemple, les frères Rozier ont été dénoncés plus d’une fois dans l’année, et plusieurs perquisitions ont eu lieu à leurs domiciles.

Malgré ces difficultés, les résistants de la Bourboule décident de ne pas fuir. Ils ont donc probablement été dénoncés, et la Gestapo les considérait déjà comme des « terroristes ». Ainsi, cette rafle a été minutieusement préparée.

« Dénonciations de la milice, bien implantée à La Bourboule, auprès de l’Intendance de police et de la Gestapo de Vichy ; imprudences des Résistants qui se sachant espionnés (mais aussi convaincu de l’imminence du débarquement) sont restés sur place ; zèle des responsables du commissariat et de la mairie : tels sont les éléments qui ont probablement conduit au drame⁵ »

Plusieurs personnes sont arrêtées au Mont-Dore et sont conduits à l’hôtel : Omer Nepper, Edouard Bensamoun, Pierre Pavony, René Mary, Lucien Champeix et André Daguillon. Au total, 14 personnes sont arrêtées. 9 sont déportés et 5 sont tués.⁶ Les frères Rozier et Marcel Bouchaudy sont conduits au buron du Sancy, où ils sont assassinés et brûlés par les Allemands. Edwin Ringer est tué d’une balle dans la tête et laissé au bord d’une route. Anglard a probablement été tué au Buron du Sancy, bien qu’il soit difficile de le dire avec certitude vu l’état des corps.

Les 4 personnes restantes sont conduites à Clermont-Ferrand puis déportées. Emma Chassaing ira à Ravensbrück, par exemple. Plusieurs enquêtes ont été menées sur le sujet, et plusieurs témoignages ont relaté les évènements, notamment sur le meurtre de Marcel Bouchaudy et les frères Rozier :

« Le 27 avril vers 20 heures 45, une voiture Peugeot monta au Sancy à vive allure et alla directement à nos burons qui sont situés à 300 mètres du chalet. Des hommes en descendirent, quelques minutes s’écoulèrent puis nous entendîmes des coups de mitraillettes […] Et le feu fut mis à ce buron qui brûla. Dans peu de temps, la voiture repartit en tirant sur son passage des coups de feu. Nous ne pensions pas à ce moment-là à l’affreux drame qui s’était passé près de chez nous. […] En remontant le lendemain matin nous allions vite sur le lieu du sinistre. Quelle ne fut pas notre surprise en apercevant des corps qui n’avaient pas fini de brûler⁷. »

Outre Marcel Bouchaudy et les frères Rozier, assassinés dans le Buron du Sancy, les résistants arrêtés à l’hôtel du Globe ont été déportés à Dachau (à l’exception d’Emma Chassaing qui ira à Ravensbruck). Deux d’entre eux, Lucien Champeix et Pierre Boissier y meurent en 1945.

Huitième étape : La rue des frères Rozier

Exposition La résistance dans le Puy-de-Dôme

La rue des frères Rozier, anciennement la rue Cornudet, était la rue où vivaient les deux frères et résistants assassinés lors de la rafle de la Bourboule. Cette rue fut également témoin d’une arrestation de deux résistants connus pour leurs actions de sabotages, Buron (Camille Leclanché) et Irma (Raymond Labaune)⁸. Le 15 janvier 1944, ils sont chargés de distribuer des tickets d’alimentations (volés) au maquis du Sancy. Alors qu’ils doivent aller jusqu’au maquis de Belleguette, ils s’arrêtent à La Bourboule, où ils tombent en panne.

Des policiers décident d’effectuer un contrôle sur le véhicule et les passagers. Ils se rendent alors compte que les deux hommes sont armés, et décident de les arrêter. Ils présentent des signes distinctifs de la résistance, et possèdent une mitraillette et une grenade dans le coffre. Ils sont connus des services de police, puisque Camille Leclanché a déjà été arrêté et s’est évadé. Ainsi, ils sont conduits à Clermont-Ferrand, où ils seront séparés : Raymond Labaune s’évade, mais Camille Leclanché est conduit à Vichy où il est interrogé et torturé, puis tué. Les circonstances entourant sa mort sont floues, et son acte de décès indique qu’il est mort en déportation. Pourtant, plusieurs témoins assurent avoir vu des soldats allemands transporter un corps dans une camionnette, le 4 mars 1944⁹.

Neuvième étape : Pâtisserie et boulangerie des frères Rozier

Abel et Raymond Rozier sont deux frères qui étaient des résistants sédentaires de la Bourboule. Ils tenaient une pâtisserie boulangerie située sur le boulevard Georges Clemenceau. Les deux ont combattu durant la Première Guerre mondiale. Lors de la signature de l’Armistice de 1940, les deux frères rejoignent la résistance en tant que sédentaires : ils gardent leurs identités, leur travail et restent en ville, ce qui présente de nombreux risques. Ils sont membres des M.U.R, des FFI et du réseau de résistance les Ardents. Avec Marcel Bouchaudy, ils fondent le maquis du Mont-Dore, et s’occupent des parachutages dans la région (ils coordonnent les envois de munitions vers les maquis). Ils ont également distribué des tracts et des journaux de résistances dans la Bourboule et ont accueilli des réfractaires aux STO avant de les envoyer au maquis.

À plusieurs reprises, les frères Rozier sont dénoncés. La police fait plusieurs perquisitions à leur domicile, ne trouve jamais rien, mais les suspecte grandement d’être des terroristes. Lorsque les deux résistants, Buron et Irma sont arrêtés à proximité de leurs domiciles, les soupçons des forces de l’ordre ne font que croître. Ainsi, le 27 avril 1944, ils sont conduits à l’hôtel du Globe avant d’être assassinés au Buron du Sancy. Les deux frères ont été reconnus « Mort pour la France » et ont reçu la Médaille de la résistance à titre posthume¹⁰.

Dixième étape : Grands Thermes de la Bourboule

La Bourboule est une ville thermale. C’est d’ailleurs ainsi qu’elle est devenue un lieu touristique de grande importance dans la région, à travers ce qu’on appelle le tourisme de santé. Les Grands Thermes de la Bourboule représentent à la fois un lieu touristique culturel et patrimonial de par son architecture, et un lieu de tourisme de santé à travers les services proposés : soins et thermothérapie…


Sources :
1. SERRE Michelle, La région de La Bourboule et du Mont-Dore pendant la seconde guerre mondiale, Vertaizon, Éditions La Galipote, 2017, p. 135-137.
2. Ibid
3. AJPN, Marie-Louise Mazeau, [en ligne]
4. Office de tourisme du Sancy, [en ligne]
5. Op cit, SERRE Michelle, La région de La Bourboule et du Mont-Dore pendant la seconde guerre mondiale
6. Ibid
7. Ibid
8. Ibid
9. Ibid
10. Maitron, Abel et Raymond Rozier [en ligne]

Categories Itinéraires Pays de Sancy

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :
search previous next tag category expand menu location phone mail time cart zoom edit close