LE CIRCUIT DES ARDENTS
De la chaleur de la lave à la ténacité du maquis.
Le contexte
Localisation : Orcines est à une altitude de 836 m
Mode de déplacement : randonnée à pied, puis voiture
Distance : 1,9 km de montée, 350 mètres de dénivelé, pour 45 mn à 1h de marche
Durée : 3h00
Dénivelé : important
Difficulté : moyenne
Vérifier les conditions météorologiques en hiver
Difficilement accessible aux personnes à mobilité réduite
L’objectif est de mettre en lien le puy de Dôme, lieu naturel emblématique du département qui lui doit son nom , et plus haut volcan de la Chaîne des Puys-faille de Limagne, haut lieu tectonique inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis le 2 juillet 2018 avec d’une part la plaque commémorant la mort des résistants du maquis des Ardents situé à deux pas du chemin des Muletiers, d’autre part le monument commémoratif de la Baraque.
L’association des Ardents, elle, perpétue la mémoire en organisant chaque année des cérémonies commémoratives. Le nom de cette association vient du nom du bûcher ardent de Jeanne d’Arc, femme soldat considérée comme un symbole de résistance voulant chasser l’ennemi du territoire.
Présentation de la randonnée
Première étape : Du col de Ceyssat au sommet du Puy-de-Dôme à pied
Départ au Col de Ceyssat Prendre le chemin des Muletiers en direction du sommet du Puy-de-Dôme. Ce sentier offre un panorama paysager remarquable. Il grimpe progressivement en serpentant entre les sapins, en fin de de parcours le dénivelé s’accentue. C’est à la fois une courte et intense montée qui demeure toutefois accessible au public.


Monument à la fois géologique et culturel de l’Auvergne, Le volcan du Puy-de-Dôme est un site incontournable de la région. Endormi depuis sa formation, il y a seulement 11 000 ans, il culmine à1465 mètres, et se trouve à une quinzaine de kilomètres de Clermont-Ferrand. Il offre aux visiteurs un point de vue à 360° à couper le souffle sur les 80 volcans voisins, et au delà, sur la chaîne du Sancy à l’ouest, les Monts du Forez et du Livradois à l’est et par très grands beau temps, votre regard peut deviner le Mont Blanc.
Il accueille des milliers de touristes par an qui rejoignent son sommet soit à pied, soit par le train à crémaillères. Ce dernier offre un accès direct et un point exceptionnel sur les paysages environnants. Là de nombreuses activités vous attendent.




Trois sentiers d’interprétation offrent au public la possibilité d’une exploration riche en légendes et anecdotes (les chemin des pèlerins, des conquérants et des curieux). Il est aussi connu pour être un lieu de sports extrêmes où les adeptes, amoureux de la nature volcanique peuvent pratiquer le parapente et le deltaplane une fois le sommet atteint.
Les passionnés d’architecture peuvent quant à eux admirer les terrasses étagées du temple de Mercure qui suivent remarquablement les courbes du relief. Cet ensemble monumental peut être classé parmi un des plus importants sanctuaires de pèlerinage de l’Empire Romain. Il est visible dès l’arrivée des touristes au sommet grâce aux fouilles archéologiques qui l’ont révélé au grand jour. Sans oublier l’observatoire inauguré le 22 août 1876, qui dispose d’une instrumentation microphysique et chimique de pointe. Enfin, ce site majestueux est depuis 1956 coiffé d’une antenne relais de télévision de 89 mètres.



Rappel historique
Le maquis des Ardents a été créé dès la débâcle de juin 1940 à l’initiative de Roger Lazard (Général François), Charles Rauzier (Trancher) chef régional des Ardents. Les Ardents étaient présents dans tous les corps de métiers : l compagnie des tramways, SNCF et compagnie du gaz et de l’électricité. Début 1943, le Corps Franc des Ardents constitue son maquis dans les bois du Col de Ceyssat. Le responsable est Pierre Bellut, dit Contact. Ce maquis rassemble de nombreux réfractaires au Service du Travail Obligatoire (STO) mit en place par le régime de Vichy. Dès avril 1943, il est reconnu par l’autorité militaire en Unités Combattant
Le mouvement devient réellement opérationnel sous l’impulsion de l’avocat clermontois Charles Rauzier qui implante le maquis de Ceyssat au lieu-dit du Bac de Montmeyre. C’est ce maquis abritant une quarantaine de réfractaires au STO que la Gestapo attaque le 2 septembre 1943. Un camion et une voiture arrivent alors à Ceyssat. Les Allemands ont découvert la véritable identité des « bûcherons » de la zone. Plusieurs résistants ne parviennent pas à se sauver. Trois jeunes maquisards sont tués, deux meurent en déportation. La destruction du maquis du Col de Ceyssat oblige les membres à ne plus poursuivre temporairement leur activité. Et le maquis Brousse le remplace mais il est finalement détruit en février 1944 par les troupes allemandes.
Second étape : La Baraque en voiture
les randonneurs redescendent au col de Ceyssat puis se dirigent en voiture vers Orcines et La côte de la Baraque. Le monument aux morts se situe un peu excentré, dans un grande courbe de la route. Cette stèle rappel un moment tragique qui s’est déroulé à Orcines pendant la Seconde Guerre mondiale : la fusillade de 24 otages.

Le 13 juillet 1944, 24 otages et maquisards sont fusillés sur l’initiative du chef milicien français, Jean Filliol. La veille, des maquisards sabotent 24 poteaux télégraphiques. En représailles au sabotage, 24 prisonniers sont extraits de leur cellule de la prison militaire allemande du 92ème régiment d’infanterie de Clermont-Ferrand. Des membres du SD allemand les conduisent près d’une carrière abandonnée de Triouleyre, près du hameau de La Baraque à Orcines où ils les abattent à la mitraillette, aux environs de midi. Un mois et demi plus tard après ce crime de guerre, le département du Puy de Dôme est libéré. La stèle d’Orcines est relativement peu connue, alors que la diversité des origines des otages et des maquisards en fait un monument d’importance régionale. Leurs noms sont inscrits sur le monument aux morts, monument du Martyr d’Orcines, érigé sur le lieu du massacre : “A la mémoire de 24 patriotes morts en ce lieu fusillés par les Allemands le 13 juillet 1944”. En demi-cercle devant le monument, des bas-reliefs portent le nom des fusillés dans l’ordre où leur corps étaient disposés sur la carrière. Ces hommes venaient pour la plupart des quatre départements d’Auvergne. Certains d’entre eux n’avaient que 17 ans.
– Pierre Emile Foury, le maire de Saint-Floret exerçait la profession de cultivateur et était maire de Saint-Floret, un village dans le pays d’Issoire, pendant l’occupation. Le 30 juin 1944, le village se fait bombarder par l’aviation allemande. Pierre Foury est arrêté comme otage en tant que maire ainsi que trois autres habitants et incarcéré à la prison militaire allemande du 92 RI. Le 13 juillet, il est fusillé à Orcines. Déclaré inconnu, il est inhumé au cimetière d’Orcines. Identifié par jugement du tribunal civil de première instance de Clermont-Ferrand le 14 septembre 1944, il est réinhumé le 26 octobre 1944 au cimetière communal de Saint-Floret. Il obtient la mention « Mort pour la France » le 12 octobre 1945 et le statut d’«Interné politique» le 25 avril 1963. Son nom figure sur le monument commémoratif 1939-1945 à Saint-Floret également.
– Louis Dabert, « Jean-Pierre », est un des premiers résistant d’Auvergne, un militaire courageux et un rude montagnard, organisateur remarquable et un chef estimé. Il exerçait la profession de chauffeur de taxi. Il était l’un des fondateurs du mouvement Libération en Auvergne de janvier 1941 à avril 1943. Il recrutait parmi les réfractaires du STO à qui il apprenait le maniement des armes et à s’organiser dans des montagnes isolées et rudes en hiver. Il était responsable des premiers parachutages, transports d’armes, explosifs etc. Il est arrêté le 30 mars 1944 à Belleguette, hameau de Compains (Puy-de-Dôme), avec cinq autres maquisards, par la Feldgendarmerie et le SD de Vichy, lorsque les Allemands prennent le maquis d’assaut. Il est inhumé au cimetière de Vic-le-Comte. Il obtient la mention “Mort pour la France” le 27 avril 1949 et le titre « d’Interné résistant » le 4 mai 1955. Il reçoit à titre posthume la Légion d’Honneur, la Médaille militaire et la Médaille de la Résistance. Une randonnée à Besse parle également de Louis Dabert. Rendez-vous ici !
– Parmi les 24 martyrs, un inconnu a été identifié 60 ans après les faits. Edouard Carmarans avait été laissé pour mort dans les combats du bois de Védrines dans le Cantal. En 2006, son nom a été enfin gravé sur le monument. Il s’agirait d’un maquisard aveyronnais, né en 1903 à Enguialès. Il aurait participé aux combats du Mont Mouchet et aux combats du réduit de la Truyère, dans la région de Chaudes-Aigues dans le Cantal. Lors des combats vers le bois de Vedrines (entre Jabrun et Chaudes-Aigues) son camion aurait pris feu. Lorsque la Wehrmacht et le SD ont ratissé ce secteur, ils ont fait prisonnier Édouard Carmarans et l’ont conduit à la prison militaire allemande du 92 à Clermont-Ferrand. De là, il a été conduit avec les 23 autres résistants à la clairière d’Orcines. Une demande de rectification de jugement déclaratif de décès est en cours car Edouard-Louis Carmarans a été déclaré mort dans le bois de Védrines.