Itinéraire de Thiers

Localisation : Commune de Thiers
Mode de déplacement : randonnée – pédestre
Distance : 5,7 km
Durée : 2h30
Difficulté : moyenne
Dénivelé : 356 m
Vérifier les conditions météorologiques en saison hivernale

Pourquoi ? Découvrir la ville de Thiers à pied dans des considérations historiques axées sur son artisanat, son patrimoine et sa place lors de la Seconde Guerre mondiale.

? Dans la ville et plutôt dans le partie haute de la commune avec le centre médiéval.

Intérêts ? Une randonnée dans le centre historique, la découverte du patrimoine architectural et artisanal, des activités multiples, une exploration de la ville par le prisme de son histoire durant la Seconde Guerre mondiale.

Carte

Julien Chadeyron

Présentation détaillée de la randonnée

Première étape : Maison du Tourisme de Thiers (1 Place du Pirou)

A la Maison du Tourisme de Thiers, chacun pourra trouver la documentation relative à la région, à la ville et au Parc Livradois-Fore. Elle constitue le point de départ.

Première étape : Square Grammont

De la place, une vue exceptionnelle surplombant la ville s’offre aux visiteurs. Descendre les escaliers du Monument aux morts. Ce dernier, monumental, est le cadre idéal pour faire un point sur l’histoire de Thiers et notamment durant la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit d’un édifice formant un escalier monumental à double volée en calcaire. Il comprend trois sculptures : un poilu dans les bras d’une représentation de Vercingétorix, le tout surmonté d’un coq gaulois. Le mémorial est aussi gravé du nom des grandes batailles de la Première Guerre mondiale. Seules des plaques installées au pied du monument reprennent le nom des disparus de la guerre de 39-45.

Thiers et la Seconde Guerre mondiale – le contexte de la Libération

Après un rapide passage à Thiers en juin 1940, les forces allemandes occupent la ville et sa région dès le mois de novembre 1942¹. Thiers voit même des officiers de l’état-major allemand séjourner dans la ville, dont le général Haeckel au cours de ce mois. Ces officiers logent à l’hôtel l’Aigle d’Or qui devient alors Kommandantur. Les rapports mensuels au sous-préfet de Thiers ne mentionnent pas d’incident entre les populations locales et les nazis sur le périmètre de la commune, même s’il est à signaler quelques tensions entre ces différentes autorités.

Thiers et sa région sont occupées par le bataillon S.S. Grenadier d’instruction², lui-même formé le 11 novembre 1943 à Jitomir (Ukraine). Il est spécialisé dès janvier 1944 dans la lutte et les représailles contre les partisans russes. C’est seulement le 22 juin qu’il est envoyé dans la région de Thiers et de Vichy.

L’installation de ce bataillon intègre un plan de renforcement du dispositif de la police allemande, pour faire face aux activités des maquis. Ce bataillon intervient dans toute la région à de nombreuses reprises en faisant de nombreuses victimes. Dans la ville, ils sont logés dans les locaux du collège, à l’école Saint-Joseph et celle du Moûtier tandis que la Kommandantur se situe alors dans l’Hôtel de Paris. Ils sont des centaines, lourdement armés.

Cette garnison allemande qui est une véritable contrainte pour les maquisards³, augmente les mesures de sécurité. Par exemple, il interdit le 8 juillet 1944 à tous véhicules allemands de circuler après 22h, hors cas d’urgence. Il prolonge aussi la garde renforcée de nuit et ordonne que la moitié des effectifs stationnés à Thiers soit en permanence en alerte. Mais les habitants aussi sont touchés par ce durcissement de la sécurité. Dès le 10 juillet, un couvre-feu plus strict est établi : tout blessé par arme à feu ou explosion qui est hospitalisé doit être mentionné aux autorités.

Cependant le 18e bataillon S.S. Grenadier d’instruction semble quelque peu perdre le moral : le maquis exerce une pression quotidienne et invisible et son nombre de membres demeure incertain. Les allemands estiment leur nombre à 5000, alors qu’ils sont en réalité dix fois moins nombreux. De plus, les nouvelles du débarquement en Normandie et en Provence ainsi que la percée d’Avranches par les Alliés et l’attentat contre Hitler n’augurent rien de bon. Le Haut-Gouvernement allemand réfléchit même à regrouper ses troupes dans les lieux stratégiques. Ainsi le bataillon de Thiers s’apprête sur ordre du 17 août à quitter la ville pour évacuer à l’Ouest d’une ligne Clermont-Ferrand-Montpellier, lorsque les maquisards attaquent pour reprendre la cité le 25 août.

Parmi les résistants de ce jour, on peut compter des hommes qui sont parvenus à garder leur statut social tout en se rencontrant de façon clandestine ; les MUR et les FTP volontaires rassemblés autour de Hainchelin et des miliciens patriotiques. Ils ont été rejoints par une colonne de FTP venant du Col de Béal composée de 110 hommes issus de différentes compagnies du 103e bataillon, ainsi que des hommes du 104e bataillon de FTP d’Ambert et des MUR, menés par Serge Renaudin et accompagnés d’anciens membres du GMR qui avaient désertés. Leur problème majeur est le manque d’armes : ils étaient peu équipés et n’avaient de surcroît que peu de munitions.

Ce matin du 25 août, il reste un peu moins de 400 allemands très armés et bien entraînés. Ils sont regroupés dans quatre lieux : le Marché Couvert, l’hôtel de l’Aigle d’Or, le collège Audembron et l’École Saint-Joseph. Quant aux miliciens, les plus dangereux ont d’ores et déjà quitté la ville, les autres tentent de se faire oublier.

La libération de Thiers n’était pas préméditée bien que les maquisards tentent de libérer la ville, rien ne se déroule comme prévu du fait d’un manque d’informations sur l’évacuation des allemands et ajouté à une certaine précipitation. L’idée première était d’occuper la ville une fois les allemands partis. Pourtant, le premier coup de feu est tiré le 25 août vers 8h30 au Moutier. L’ennemi est alors prévenu et commence ainsi le combat. A 9h est sonnée l’alarme des abattoirs afin de prévenir la population que quelque chose d’inhabituel se prépare.

Entendant les premiers tirs, une colonne de FTP investit la ville mais ils sous-estiment le nombre d’allemands encore à Thiers. Les résistants installent alors un poste de commandement aux abattoirs dont la direction est assurée par le Lieutenant Bouvet et le Capitaine Bonnet qui font fermer la route menant à Clermont-Ferrand. Les hommes sont divisés en trois groupes d’actions : la colonne Bull qui part vers la nationale 89 ; la compagnie Julien qui grimpe sur les hauteurs au-delà de la Durolle afin de couvrir la zone de la Sous-Préfecture et du marché couvert ; la compagnie Rattier (elle-même en petits groupes et aidés de Thiernois) qui occupe notamment la Mairie, symbole et lieu stratégique dans cette bataille.

Tout d’abord les allemands restent dans les bâtiments qu’ils occupent devant cet ennemi qui surgit de toutes parts. A 14h, ils se déploient en étoile à partir de la place de Belfort pour renforcer leurs autres positions et leurs communications. Ils n’hésitent pas à utiliser des armes lourdes et à prendre des otages comme boucliers humains dont certains sont blessés par les tirs français.

Les négociations entre les belligérants s’organisent vite. Le Maire et le Sous-Préfet essayent alors d’accélérer le départ des allemands et de freiner l’attaque des résistants. Une proposition de trêve est envisagée : un délai d’une heure est accordé au bataillon de SS pour quitter la ville et ces derniers reconnaissent alors les résistants comme des membres réguliers de l’Armée Française et non plus comme des terroristes. Seulement celle-ci est difficile à mettre en place du fait d’incompréhension et d’un manque de communication au sein des deux forces.

C’est dans ce moment de flottement que vers 15h30 trois hommes sont abattus devant la Mairie, place Chastel (dont Charles Hainchelin) . Les allemands sont rassemblés vers 18h et un nouvel accord est conclu : ils peuvent aller s’installer à 2 km de Thiers pour la nuit en attendant une réponse de leur État-major alors que deux officiers, un français et un allemand, sont envoyés à Vichy pour négocier la reddition de la garnison.

Le lendemain matin, quelques accrochages ont lieu entre les occupants et les FTP ce qui coûte la vie à Pierre Bernardi. Les envahisseurs acceptent la reddition, ils sont désarmés et emmenés au camp des MUR des Etivaux. L’appui significatif de la population a permis aux maquisards de l’emporte, les aidant à trouver cachettes et postes de tir, leur procurant de l’eau et des vivres, s’occupant des blessés et maintenant les communications au sein des unités.

Deuxième étape :  Place Antonin Chastel

Un vaste panorama s’ouvre sur la ville basse. La Mairie conserve une sculpture de François Blanquet. Non loin, une plaque commémorative rend hommage aux trois hommes tombés, ici, pour la libération de la ville.

Sculpture de Marianne par François Blanquet

François Blanquet⁴ est un jeune homme réfugié dans la région thiernoise avec sa famille qui a quitté Orléans du fait des bombardements allemands dans le centre-ville en juin 1940. Le magasin familial de meubles en a particulièrement souffert. Ils ont donc trouvé refuge dans le village de Muzard, à côté de Saint-Rémy-sur-Durolle. Il sculpte pour la Libération de Thiers un buste intitulé Liberté qu’il offre à la municipalité. Elle représente Marianne, symbole de la République, la tête tournée à gauche et il descend sur son épaule des fleurs des champs prises dans ses cheveux. Elle est dédiée aux maquisards de la région. Cet ouvrage, terminé le 6 août 1944, est en bois et est gravé du nom de l’artiste. Touchée par cette initiative, le Conseil Municipale de Thiers décrète de racheter cette statue pour 5 000 francs afin d’augmenter la collection du musée et de conserver un souvenir de la bravoure des maquisards.

La Place Antonin Chastel

Malgré le cessez-le-feu sonné à 15h30⁵, des groupes de nazis refusent d’arrêter le combat et lors d’échanges de tirs sur la place de la mairie trois hommes tombent pour la Libération de Thiers : Charles Hainchelin, Claude Couttequillet, Antoine Calmard. Ce-dernier est né à Saint-Anthème en 1918 et fut pendant la guerre Gardien de la paix et soldat des FFI. Quant à Couttequillet, il est commerçant avant d’entreprendre son activité clandestine parmi les FFI.

Troisième étape : Maison du Tourisme de Thiers (1 Place du Pirou)

A la Maison du Tourisme de Thiers, chacun pourra trouver la documentation relative à la région, à la ville et au Parc Livradois-Fore. Elle constitue le point de départ d’une déambulation dans la ville médiévale.

Quatrième étape : Eglise Saint-Genès

Elle est constituée d’un mélange d’art gothique et d’art roman et possède la plus grande coupole d’Auvergne. Elle se situe dans le centre médiéval de Thiers, dans la ville haute. Elle a été classée Monument Historique en 1846 : c’est le premier monument de la ville à obtenir ce titre.

Cinquième étape : Rue de la Coutellerie

En descendant la rue de la coutellerie, le promeneur découvre le Musée de la Coutellerie dans lequel il peut participer à une visite s’il le souhaite. Il a été créé pour conserver la mémoire d’une tradition née à Thiers il y a plus de 6 siècles. Le musée retrace l’histoire de la coutellerie à Thiers depuis son apparition sous forme artisanale jusqu’à son industrialisation.

La visite est divisée en deux parties : la première présente la coutellerie à Thiers, sous des angles historiques, ethnographiques et sociaux. Dans la seconde partie, les couteliers du musée proposent deux démonstrations : le montage d’un couteau fermant et l’émouture traditionnelle thiernoise

Sixième étape : Eglise Saint-Jean

Cette une église romane est située dans la partie basse de la ville de Thiers. Son histoire est particulière puisqu’elle a eu une vocation défensive pendant les guerres de religion et durant la Révolution, elle a servi de dépôt et de fabrique d’armes. Elle est aujourd’hui fermée au public, du fait d’importants travaux de rénovations qui y sont nécessaires.

Septième étape : Le Creux de l’Enfer

En longeant la Durolle, traverser la passerelle et vous accédez au Creux de l’Enfer. Situé dans la pittoresque Vallée des Usines, il se trouve dans une ancienne usine de coutellerie fermée définitivement en 1956. Sa programmation est trimestrielle, variée et tournée vers la pluridisciplinarité : sculptures, photographies, peintures et installations vidéo. Il permet la mise en lumière d’artistes européens majeurs mais aussi de talents régionaux.

Huitième étape : Le moutier

A l’angle de l’avenue Joseph Claussat et de l’avenue de la Libération, vous trouverez l’église Saint-Symphorien du Moutier. Celle-ci a été construite entre le Xème et le XIIème siècle et fait parti des établissements qui étaient sous l’autorité de Cluny. De l’autre côté, le parc de l’Orangerie. A l’entrée, une plaque commémorative rend hommage aux FTPF de Thiers qui se sont rassemblés pour libérer la ville le 25 août⁶.

L’Orangerie abrite le Centre d’Initiation et de Sensibilisation à l’Environnement (Cisen) de Thiers. Le site abrite une grande serre paysagée de 110m² qui présente de très nombreuses plantes exotiques. Le visiteur est emmené sur un parcours lui présentant un milieu désertique, résultat de la lente pollution humaine et un milieu luxuriant, symbole du respect de la nature. La visite est complétée par la mise en scène de l’eau, élément indispensable à la vie, et par des expositions. Par ailleurs, à côté de l’entrée du Parc de l’Orangerie, une plaque commémorative rend hommage aux FTPF de Thiers qui se sont rassemblés pour libérer la ville le 25 août⁶.

Neuvième étape : Rue Antonine Planche Soyfer

Née à Ris en 1913, Antonine Planche⁷ arrive à Thiers après la Grande Guerre et travaille dans la coutellerie. Elle est d’une famille de militants et adhère rapidement au PC (Parti Communiste) et milite même aux Jeunes Filles de France. En avril 1940, elle est d’ailleurs arrêtée à Clermont-Ferrand pour ses orientations et actions politiques et condamnée à 8 mois de prison avec sursis. Le 25 octobre 1940, suite au décret relatif aux personnes dangereuses pour la défense nationale et la sécurité, elle est consignée au camp de Rieucros, en Lozère. A la fin de l’été 1942, elle est mise en liberté provisoire mais ne passe que très rapidement à Thiers avant de rejoindre Saint-Etienne pour devenir agent de liaison de l’État-major des FTPF.

Le 26 mai 1943, elle est arrêté près de Saint-Etienne après une mission au Puy-en-Velay. Elle est incarcérée avec d’autres résistantes, Nicole Joubert (thiernoise également) et Suzanne Cagé, sans être torturée avant d’être transférée à Lyon avec d’autres femmes résistantes. Ensemble, elles gardent le moral, étudient et se divertissent. Finalement en octobre 1943, elle est condamnée à 4 ans de réclusion. En mars 1944, elle est transférée avec ses deux amies à Châlons-sur-Marne puis le 1e mai à Romainville pour 15 jours de supplice psychologique à attendre d’être fusillée.

Le 13 mai, Antonine, Nicole et Suzanne sont entassées dans un wagon à Paris avec 102 autres femmes en direction de Ravensbrück où elles arrivent cinq jours plus tard. Tonine (surnom d’Antonine) à pour matricule le numéro 39123. Elle est rapidement assignée à un poste de création à Zwodau dans une usine de la firme Siemens spécialisée dans la fabrication des pièces de moteur. Elle n’hésite pas avec ces acolytes qui avaient aussi des postes dans cette structure à saboter des pièces. Toutes les trois sont parvenus à traverser cette épreuve.

Dès le 7 mai 1945, Tonine est de retour à Thiers et se consacre dès lors à des actes de solidarités envers ces camarades revenus des camps et à la mémoire de la Résistance et de la Déportation. Pour ces actes de bravoure durant la guerre, Antonine reçoit de nombreuses décorations dont la Croix de Guerre 39-45 et celle de Croix d’officier de l’ordre de la Légion d’Honneur. Elle est décédée le 11 mai 2002 à 89 ans et est inhumée dans le cimetière de Celles-sur-Durolle. Aujourd’hui, une rue de Thiers porte son nom : “Rue Antonine Planche, Épouse Soyfer, Déportée à Ravensbrück 1943-1945”.

Dixième étape : Coutellerie Robert David

En prenant l’avenue des Etats-Unis, la Coutellerie Robert David peut accueillir des visiteurs dans sa boutique pour y découvrir les modèles de couteaux qu’elle crée, mais aussi pour y apprendre l’histoire de cette entreprise ou encore participer à des ateliers. Les ateliers de montage de couteau permettent de créer son propre couteau tout en maniant les outils des artisans et en découvrant leurs techniques.

Onzième étape : Rue Camille Joubert

Famille Joubert

Camille Joubert⁸ est né en 1873 à Thiers, fait de brillantes études de médecine à Clermont et devient docteur à 26 ans. En 1900, il épouse Marguerite Faure et ils s’installent à Thiers. Durant la Première Guerre mondiale, il s’engage pour sauver un maximum de vies et cette épreuve le marque profondément. Il y rencontre une infirmière d’origine russe, Lydia qui devient sa femme après la guerre car Marguerite a tout quitté durant son absence. Ils sont tous les deux décorés pour leur engagement pendant la guerre et Camille obtient même la Légion d’Honneur.

Nicole, leur premier enfant, est née en 1920, suivie par son petit frère Alain en 1923. Dans ces années d’entre-guerres, Camille adhère au SFIO et à une loge maçonnique, il s’affiche clairement pacifiste avec sa femme. En 1935, il apparaît sur les listes électorales et devient premier adjoint, secondant ainsi le maire SFIO Antonin Chastel. Il multiplie ses engagements politiques avec son épouse.

L’entrée en guerre en 1939 est un choc pour la famille. Nicole, qui alors rentre à l’université, s’engage parmi les étudiants patriotes, une association clandestine qui fait suite à la fermeture de l’Union des étudiants communistes désormais interdite. Le 30 octobre 1940, Lydia est arrêtée avec Antonine Planche, elles sont internées plusieurs mois en Lozère. Au même moment, Camille est suspendu de ses activités à la mairie de Thiers. Nicole est arrêtée à son tour en novembre et condamnée à deux ans de prison en juin 1941.

A la fin de l’été 1942, M. et Mme Joubert sont tous deux assignés à résidence à Joze. A peine de retour chez ses parents, Nicole est prévenue qu’elle va être de nouveau arrêtée. Elle entre alors dans la clandestinité en intégrant les FTPF autour de Saint-Etienne. Dès le mois de février 1943, son frère Alain la rejoint chez les FTPF et a pour mission de diriger un futur maquis.

Nicole est finalement arrêtée en mai 1943, Antonine Planche aussi, et condamnée à 4 ans de prison puis est déportée à Ravensbrück. Elle y subit nombre de monstruosités et marches forcées. Elle est libérée le 7 mai 1945 par les Canadiens.

Son frère, lui, remplit de très nombreuses et dangereuses missions et commande même le camp de Wodli en Haute-Loire jusqu’à la fin 1943.Suite à une dénonciation, il est arrêté le 5 février 1944. Il est condamné à 5 ans de prison avant d’être envoyé à Dachau. Il y a été cobaye pour les médecins SS et pourtant survit à la déportation. Quant à leurs parents, ils sont mis à l’abri par les responsables des MUR et vivent près de Champeix sous une fausse identité. Camille Joubert meurt le 12 avril 1944 à 71 ans, il est inhumé sous son faux nom mais a droit en 1946 à des obsèques officielles. Au sortir de la guerre, Lydia retrouve ses enfants au château de Brignat où elle a organisé un centre de repos et de rétablissement pour les prisonniers et déportés. Par la suite elle se retire à Joze où elle décède en 1959 à 75 ans. Son fils Alain Joubert meurt en 1996, il est inhumé au cimetière du Père Lachaise.

Douzième étape : Rue Terrasse

Le long de la rue Terrasse, le promeneur peut bénéficier d’un magnifique point de vue sur la ville de Thiers qui s’étend en contrebas ainsi que sur les chaînes Du Puy-de-Dôme, du Sancy et du Cezallier, un panorama à 180° époustouflant.

Variante du circuit

Une variante peut être apportée pour les plus courageux qui souhaitent prolonger la promenade. La rupture a lieu au niveau du croisement de la rue Jean Zay et de l’avenue des Etats-Unis : il faut poursuivre sur toute la longueur de la rue Jean Zay.

Étape alternative : le Lycée Jean-Zay

Deux choses sont à souligner au lycée Jean Zay, anciennement Ecole Nationale Professionnelle de Thiers. Tout d’abord, une plaque commémorative pour les élèves et les professeurs décédés durant la Seconde Guerre mondiale dont un membre important de la ville alors : Charles Hainchelin. Ensuite la présence dans la dernière année du conflit de Jean Anglade en tant que surveillant puis professeur. Ce grand écrivain a fait la fierté de l’Auvergne et de la région thiernoise.

Charles Hainchelin

En décembre 1940, Charles Hainchelin⁹ alors professeur d’Histoire et de Géographie est muté de Nancy à l’Ecole Nationale Professionnelle de Thiers pour remplacer Michel Bloch, lui-même révoqué du fait de son nom de famille à consonance juive. Charles est militant syndical et, dès 1940, fait l’objet d’une surveillance. Il s’implique pourtant très vite dans des actions clandestines. Lorsque des allemands se présentent dans l’école pour arrêter un résistant, qui n’est autre que le contact de Hainchelin, Gaston Cholet, le professeur n’hésite pas à activer le réseau de l’école pour le prévenir afin qu’il s’échappe. Ce qu’il fait avec succès. Dès lors, Charles intègre un peu plus la mouvance résistante.

Ayant fait partie d’un groupe d’intellectuels avec sa femme qui compte notamment Louis Aragon et Georges Sadoul, Hainchelin garde de bons contacts avec ces derniers. C’est pourquoi le poète s’adresse à lui pour lui demander des noms de villages de la région pour développer une idée littéraire. Il transmet les noms notamment de Vollore-Ville, Grandeyrolles et Néronde qui furent retenus.

Plus tard, il intègre la direction locale des FTP avec Marcel Laurent (Principal du collège Audembron pendant la guerre) et Jean-Jacques Caburol (Président de la Chambre Patronale de la Métallurgie de Thiers) mis en contact par des enseignants syndiqués. Mais Charles Hainchelin est aussi conseiller militaire des FTP de la zone sud. De part ses qualités, lorsque l’ordre de se rendre au Mont-Mouchet parvient aux résistants de la région, lui ne souhaite pas que les hommes d’Auvergne rejoignent le front. Il pense que cela aiderait les allemands de rassembler les maquis en un seul et même point et qu’ils pourraient ainsi anéantir les forces rassemblées. Le contre-ordre venant des FTP arrive quelques jours après, confirmant ainsi l’intuition de Hainchelin. Il tient à siéger dans les organismes en charge de la Libération quand le temps sera venu. Il est prévenu par le biais d’un télégramme et se rend la veille des combats sur le terrain.

Le 25 août, après la première fusillade du matin, Hainchelin et quelques hommes parviennent à rejoindre la mairie. Dans la soirée, alors que le cessez-le-feu a sonné, Charles Hainchelin ainsi que trois ou quatre camarades sortent de la mairie en direction du marché couvert avec des drapeaux blancs pour parlementer avec les allemands, des tirs résonnent : Hainchelin est gravement blessé et il meurt le lendemain matin avec deux autres compagnons d’armes


Jean Anglade

Jean Anglade¹⁰ est né le 18 mars 1915 dans le hameau des Bonnets, au village d’Escoutoux. Il est le fils d’un ouvrier tué pendant la Première Guerre mondiale et sa mère est servante. Lorsqu’elle se remarie avec un charretier en 1920, Jean travaille lui aussi à cette activité. Il se marie en 1935 à une institutrice, Marie Ombret, en Haute-Loire.

Il parvient à intégrer l’école normale d’instituteurs de Clermont-Ferrand. Sa mobilisation au début de la Seconde Guerre mondiale lui impose une coupure dans son activité jusqu’à l’armistice. Il devient finalement professeur de français dès 1944 à l’école nationale professionnelle de Thiers (aujourd’hui le lycée Jean Zay). Il était ainsi présent lors de la Libération de la ville des occupants par les maquisards. Deux ans après la fin de la guerre, il obtient l’agrégation et devient professeur d’italien au Lycée Blaise Pascal de Clermont-Ferrand.

Jean Anglade publie son premier roman, Le Chien du Seigneur, en 1952 et continue cet exercice toute sa vie en faisant paraître presque annuellement une nouvelle oeuvre jusqu’en 2015. Dans nombre de ces ouvrages, il met l’Auvergne à l’honneur et met en scène plus particulièrement la région thiernoise et ses couteliers notamment dans Les Ventres Jaunes. Pour l’ensemble de sa carrière et sa contribution au patrimoine français et bien sûr au terroir auvergnat, il reçoit en 2016 la distinction de chevalier de la LH, un peu plus d’un an avant son décès, à 102 ans, le 22 novembre 2017.

Étape alternative: Rue des Docteurs Dumas

Plaque Rue des Docteurs Dumas

Alors que les résistants sont parvenus à récupérer la ville à 18h, le jeune Chouvel qui faisait partie des MUR perd la vie devant le collège Audembron du fait de l’explosion d’une caisse de munitions laissée par les occupants. Il est originaire de Saint-Rémy-sur-Durolle et est polisseur au Montel. Il s’est engagé comme soldat dans les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur)

“Ici fut tué le 25 août 1944 en combattant pour la libération de Thiers A.Chouvel, 24 ans. Honneur à lui”¹¹

Rejoindre la rue Terrasse pour bénéficier du point de vue puis reprendre la rue Lasteyras pour retrouver le point d’arrivée.

Point d’arrivée : Maison du Tourisme de Thiers


Sources :

1. CHEVALERIAS Pierre, Bulletin du Cercle, “Anecdotes : la vie à Thiers pendant l’occupation 1942-1944”, Mars 2000, n°3, p.24.
2. TEYSSOT Christophe, Bulletin du Cercle, “18ème PANZERGRENADIERDIVISION-BATAILLON : 18”, Mars 2000, n°3, p.22.
3. BARTHELAT Daniel, Bulletin du Cercle, “Les dernières semaines de l’occupation allemande à Thiers”, Mars 2000, n°3, p.32-34.
4. Bulletin du cercle, “Thiers/Saint-Rémy-sur-Durolle, François Blanquet, un jeune sculpteur, prépare à sa façon la Libération”, Octobre 2012, n°28, p.20-22
5. LEVY Gilles, Guide des Maquis et Hauts-lieux de la Résistance d’Auvergne, p.83-85.
6. Voir l’histoire de la Libération de Thiers sur le premier panneau explicatif Square de Verdun p. 94
7. LERAY-ARLAUD Dominique, Bulletin du Cercle, “Hommage : Antonine Planche Soyfer”, Avril 2012, n°27, p.38-40.
8. CHEVALERIAS Pierre, Bulletin du Cercle, “Présentation du livre de René Dumont, 27 mai 2016 L’Engagement”, Octobre 2016, n°36, p.32-37.
9. GUILLAUME Marcel, Bulletin du Cercle, “Charles Hainchelin”, Octobre 2006, n°16, p.4-10.
10. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Anglade#Jeunesse_et_formation
11. LEVY Gilles, Guide des Maquis et Hauts-lieux de la Résistance d’Auvergne, p.83-85

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