Itinéraire Clermont Tram’mémoire

Localisation : Clermont-Ferrand
Mode de déplacement : randonnée pédestre et tramway
Distance : 10km (sans compter les visites et haltes)
Durée : 3h
Dénivelé : faible
Difficulté : tout public
Faisable toute l’année.
Accessible aux personnes à mobilité réduite

Pourquoi ? Ce circuit de tourisme entre clermont et Montférrand, allie patrimoine culturel, architectural et mémoriel mémoriel et permet de faire découvrir aux visiteurs la capitale auvergnate sous un autre angle. A l’aide du tram, ce circuit emmène les visiteurs de monuments touristiques en monuments mémoriels, et fait découvrir des sites magnifiques mais rappelle aussi les heures sombres de la Secondes Guerre mondiale bien souvent méconnues. Ce circuit vient en complément du circuit “Clermont coeur de ville”.

Présentation de la randonnée

Départ Avenue Carnot, une rue dédié à l’enseignement avec les célèbres lycées clermontois de Jeanne-d’Arc et Blaise Pascal et l’université Carnot. Au bas de l’avenue deux squares offrent un espace de verdure propice à la méditation, plus particulièrement le square de la Jeune Résistance qui est un préambule à l’évocation d’événements tragiques.

Première étape : La Faculté Carnot

Un temps commémoratif est à marquer à l’entrée de la Faculté de Lettres et Sciences Humaines à Carnot où des événements tragiques se sont déroulés au sein même de la faculté. En juin 1942 l’université de Strasbourg s’était replié à Clermont, zone libre, pour échapper à l’occupation allemande. mais la Gestapo s’est particulièrement acharnée contre celle parce qu’elle était un foyer d’Alsaciens résistants et faisant d’objet d’une rafle le 25 novembre 1943 où 145 personnes, étudiants et professeurs, sont arrêtées dont 56 déportées, mortes dans les camps. Georges Mathieu, étudiant et ancien résistant du mouvement Combat, participe activement à cette rafle en guidant les membres de la Gestapo et dénonçant ses anciens camarades. Il est arrêté le 23 octobre 1944. A l’issue de son procès, il est condamné à mort et fusillé le 12 décembre 1944.

Une plaque commémorative a été érigée dans la cour de la faculté, en hommage à ce terrible évènement. Un des bâtiments, un amphithéâtre et une rue portent le nom de Paul Collomp. Il s’agit d’un maître de conférences de papyrologie et langue grecque résistant abattu par la Gestapo qui ne s’exécutait pas suffisamment rapidement. Laissé pour mort, il agonise plusieurs heures avant de mourir. Il est inhumé au cimetière des Carmes. À Strasbourg, un amphithéâtre, une rue et l’Institut d’histoire ancienne ont pris également son nom. A Paris, au Panthéon, son nom est inscrit sur la plaque commémorative des écrivains. Nous pouvons inclure l’histoire de Sam (Marcel) Braun, un lycéen de Blaise Pascal, situé à côté de Carnot, qui nous livre son témoignage 40 ans après sa déportation au camp de Buna-Monowitz (Auschwitz III), dans lequel il travaillait. Alors âgé de 16 ans, il est arrêté le 12 novembre 1943 à son domicile (rue de la Tour d’Auvergne), avec ses parents et sa petite soeur qui trouvent la mort, aussitôt déportés. Il revient en France, deux ans après. Sam Braun a tiré une sagesse peu commune de son incarcération, ayant une foi inconditionnelle en la perfectibilité de l’Homme. Décédé en 2011, il est intervenu de nombreuses fois dans les écoles pour raconter son histoire. D’ailleurs, une salle porte son nom au Lycée Blaise Pascal.

Nous pouvons également citer l’exemple de Claude Lanzmann, célèbre pour avoir notamment réalisé Shoah en 1985, un film documentaire monumental consacré à l’extermination des juifs d’Europe par les Nazis. Dans ses mémoires 81, on peut apprendre qu’il était élève et interne au lycée Blaise Pascal en A 18 ans, il devient membre des Jeunesses communistes et l’un des organisateurs de la Résistance de Clermont-Ferrand. Il participe à la lutte clandestine, puis aux combats des maquis d’Auvergne à la Margeride, au Mont Mouchet, aux embuscades dans le Cantal et dans la Haute-Loire, pour retarder la remontée des troupes allemandes vers la Normandie, lors de l’été 1944. Une salle de classe au Lycée Blaise Pascal porte aussi son nom.

Ressortir de l’Université et remonter la rue Carnot jusqu’au Cours Sablon et tourner à droite.

Deuxième étape : Le cours Sablon et le Jardin Lecoq

Belle percée arborée, le cours Sablon, s’offre à la flânerie. Voie emblématique bordée de beaux immeubles bourgeois et d’hôtels particuliers datant de la seconde moitié du 19ème siècle, il recèle quelques belles architectures : au n°2 l’ancienne imprimerie Delussac, au n°4 l’ancienne caserne de gendarmerie, construite par Louis-Charles Ledru, devenue le Quartier général de la place de Clermont. Au no 6 se trouve l’ancien le siège de la Caisse d’épargne, le monogramme de l’établissement s’étale encore au dessus de la porte à l’angle de l’avenue Carnot. A quelques pas, on découvre également au n°9 l’Hôtel Côte-Blatin inscrit aux Monuments Historiques, et au no 31 : l’hôtel des états-majors. Il est occupé depuis juillet 2016 par l’état-major de la 4ème brigade d’Aérocombats, et enfin, au coin du boulevard Lafayette l’enclos des Capucins.

La faculté de lettre et l’école de droit s’ouvrent sur un vaste carrefour. Le ciné club CinéFac hébergé dans la Maison des Associations de la faculté de Lettres de Gergovia est géré principalement par les étudiants provenant de l’ensemble des filières universitaires et participe très activement à la vie culturelle étudiante et clermontoise. Des films en rapport avec aux événements sus visés sont projetés chaque année, lors de la commémoration de la rafle.

A proximité du site Gergovia, se trouve la rue de Rabanesse. A l’angle de la rue Abbé de l’ Epée, était installée la cité universitaire “Gallia”. Le 26 juin 1943, elleest assiégée par la Feldgendarmerie suite à l’assassinat de deux officiers allemands au domicile du professeur Flandin. 35 arrestations s’en suivent, 26 étudiants sont déportés et 9 meurent en Allemagne. Une plaque est apposée au carrefour de la rue Abbé de l’Epée.

Le jardin Lecoq est un oasis de verdure est de 5 hectares, en plein centre ville, un lieu de détente où il fait fon d’égarer entre la roseraie, les bosquets aux essences variées, les cygnes qui glissent nonchalamment sous le jet d’eau du bassin. Aménagé en jardin à l’anglaise, le parc a conservé son caractère pittoresque, avec ses grilles d’entrée stylisées en fer forgé, son tracé sinueux d’allées et de pelouses bordées de massifs colorés. mais la cage des singes, les volières et la fosse des deux célèbres otaries ont disparu. Des sculptures végétales dont celle d’une otarie, nez pointé vers le haut, rappelle ce temps où des animaux résidaient au Jardin. le promeneur peut aussi découvrir au détour des bosquets plusieurs œuvres d’art.

Pour continuer le circuit, les touristes prennent le tramway à l’arrêt Université pour se rendre Place Jaude.

Troisième étape : La Place de Jaude

Depuis la place de Jaude, nous découvrons le nom et l’histoire de quelques grands résistants qui ont donné leur nom à des rues ou des squares, à proximité de la place. Nous allons nous pencher sur trois d’entre eux :

– Emile Coulaudon, qui a donné son nom à une rue, à Aulnat. C’était l’un des principaux chefs de la Résistance française en Auvergne, sous le nom de colonel Gaspard. Il a pris la tête du premier Corps franc, et est devenu le chef régional de l’Armée secrète, puis chef régional des FFI et, à la Libération, commandant de la 13e région militaire. Il est décédé le 1er juin 1977, lors de la remise du prix de la Résistance. Il repose au cimetière de Pontgibaud. Un square, situé dans le prolongement de l’avenue Julien, est dédié à son frère Aimé, qui a pris une part active à la Résistance à ses côtés en tant que chef du journal des MUR d’Auvergne.
– Alexandre Varenne est une figure importante de la ville. Un square lui est consacré à deux pas du siège du quotidien La Montagne qu’il avait fondé et dirigé. Son attitude courageuse, critique par rapport au gouvernement de Vichy jusqu’en 1943, date à laquelle il préféra saborder son journal, permit à La Montagne d’être l’un des rares quotidiens à reparaître sous son nom à la Libération.
– Nestor Perret tenait un magasin en centre-ville, où une rue et un groupe scolaire portent son nom. Sous le nom de Serge, il a animé le mouvement Combat et était responsable du MUR à Clermont-Ferrand. Il dirigeait le noyautage des administrations publiques dans le but d’organiser un service secret. Arrêté le 26 octobre 1943, emprisonné et torturé dans les locaux du 92e régiment d’infanterie transformés en prison, il meurt quelques heures plus tard. Il repose au cimetière des Carmes.

La place de Jaude offre au piéton un vaste espace de déambulation et d’animation. Elle est bordée de grands magasins, de belles façades et de monuments de différentes périodes dont l’église Saint-Pierre-des-Minimes, construite au XVIIe siècle, et l’Opéra-Théâtre, érigé au XIXe siècle, ainsi que de nombreuses boutiques. En son centre, les statues de deux célébrités locales ornent les lieux, Vercingétorix se dresse, fier sur son cheval, faisant face au général Desaix.

Pour continuer le circuit, deux options s’ouvrent à vous. Première option, vous reprenez le tram pour aller jusqu’à l’ arrêt stade Michelin, soit vous suivez une partie du circuit “coeur de ville” en empruntant la rue du 11 novembre puis la rue des Gras, lieux de passage chaleureux et attrayants du centre-ville, bordées de commerces et restaurants. Dans la rue des Gras, ne manquez pas l’hôtel de Fonfreyde. Reportez vous à ce circuit pour avoir des informations complémentaires.

Quatrième étape : La Place de la Victoire



La c athédrale Notre-Dame-de-L’Assomption : La majestueuse cathédrale gothique couronne la butte du centre historique, depuis laquelle on peut apercevoir le sommet du puy de Dôme, chapeautant les bâtiments de la rue des Gras. La pierre de lave qui lui confère sa couleur noire la rend singulière et emblématique, au même titre que son ensemble de vitraux et de peintures murales. L’ascension à la tour de la Bayette permet de profiter d’un panorama exceptionnel sur la ville.

Vous pouvez rejoindre l’arrêt de tram Hôtel de Ville situé sur la rue Montlosier, via la rue Philipe Marcombes et l’ancienne Place de la Poterne (rebaptisée Olympes de Gouges en 2020) où un ascenseur est disponible pour franchir le tertre. Sinon après la découverte du quartier de la Poterne, poursuivez le circuit “coeur de ville” en direction de la basilique Notre-Dame du Port.

Cinquième étape : Quartier de la Poterne

Le monument aux morts de la rue Montlosier a été érigé en 1954 en hommage aux victimes civiles et militaires de la Seconde Guerre mondiale. Il célèbre le 10ème anniversaire de la libération de Clermont-Ferrand et la fin du conflit indochinois (1946-1954). C’est un monument symboliquement fort qui promeut la résistance civile et militaire face à l’ennemi. Nous pouvons distinguer quatre grands personnages représentant les victimes de la guerre. Sur la droite (partie civile) se dressent un homme squelettique illustrant le déporté et un résistant, reconnaissable à son habit et son béret. A leurs pieds, nous pouvons apercevoir un rameau de chêne. C’est le symbole universel de la force, de la puissance, de la majesté, de la longévité. Le rameau de chêne représente les vertus civiles.

Sur la gauche (partie militaire) se dressent deux soldats, un combattant de la Seconde Guerre mondiale et un autre d’Indochine. Ce monument pacifique dénonce la souffrance engendrée par la guerre. Nous retrouvons une idée d’union entre les quatre personnages, dont le soldat et le résistant semblent être les garants. A leurs pieds, nous retrouvons la couronne de laurier symbolisant la victoire. Elle représente aussi les vertus militaires : courage et héroïsme.

Le sculpteur se nomme Raymond Coulon (1910-2005), qui a connu la captivité pendant la guerre mais qui est parvenu à s’échapper pour retrouver sa famille. Il s’agit du même sculpteur du monument aux morts d’Issoire et celui du Mont Mouchet.

A l’angle de la rue Claussmann et de la place de la Poterne est apposée (en levant bien haut la tête) une plaque commémorative. Cette seule plaque concerne un évènement tragique quasi méconnu des Clermontois. Il n’y a aucune indication sur l’acte de résistance qui a précédé l’incendie des immeubles et la mort d’innocents. La plaque reste partielle sur la répression allemande. A la place de la Poterne, le 8 mars 19448788 a eu lieu un attentat et une rafle. Un détachement de troupes allemandes a fait l’objet d’une explosion de grenades. La riposte allemande a été immédiate. Les soldats ont assailli la place, fouillé et incendié les maisons les plus proches. Les pertes sont importantes.

En effet, les Allemands “tiraient sur tout ce qui bougeait”. Concernant la rafle, il est difficile de connaître le nombre exact de personnes, environ 300 selon Georges Mathieu. De nombreuses rafles ont eu lieu les jours suivants, au Cercle catholique St Louis, place Gaillard, rue du Port, dans des cafés et domiciles d’étudiants strasbourgeois. Un grand nombre de personnes a été déporté. L’attentat a été revendiqué par les F.T.P.F du Puy-de-Dôme. Le nombre de soldats allemands décédés se trouve certainement en deçà de ce qu’espéraient provoquer les résistants. Il a fait regretter cette opération par une large partie de la population car elle a engendré d’immenses représailles, illustrant une grande disproportion et une grande cruauté.

Sixième étape : la Basilique Notre-Dame-du-Port

Inscrite au Patrimoine Mondial de l’Unesco, la basilique romane est située rue du Port. Ce haut-lieu de l’architecture et de la sculpture, fraîchement rénové, recèle d’authentiques chefs d’oeuvre, dont une Vierge allaitant (XIV-XVe) et une Annonciation de Philippe de Champaigne. De plus, il est possible de mieux contempler la basilique depuis le belvédère situé juste en face.

Prenez le tram à Delille Montlosier jusqu’ à l’arrêt du stade Marcel Michelin.

Septième étape : Le Stade Marcel Michelin

A cet arrêt, nous pouvons apprendre l’histoire de la famille Michelin pendant la guerre, tout en admirant le stade face à nous. Dès 1940, Michelin, pour conserver sa main d’oeuvre, fabrique des pneus pour l’armée allemande. La firme a des difficultés à trouver du caoutchouc car les Anglais ont coupé les voies d’approvisionnement maritime de la France. Dès 1942, Les Allemands se mettent à fournir leur matière première synthétique, le « Buna », permettant à Michelin de reprendre son activité. Ainsi en 1944, près de 80% de sa production est destinée à l’Allemagne.

Pour les Alliés, Michelin représente une réelle menace. Les Anglais bombardent alors l’usine de Cataroux le 16 mars 1944, entraînant son arrêt presque complet. En effet, la région clermontoise abritant des sites industriels et militaires stratégiques, n’a pas été épargnée par la guerre aérienne. La base d’Aulnat est bombardée en mars et avril 1944.

Cependant, malgré cette contribution (forcée) à l’effort de guerre allemand, plusieurs membres de la famille Michelin décident de résister à titre individuel. Nous pouvons citer entre autres Marcel Michelin (qui a donné son nom au stade), fils d’André Michelin, qui organise la résistance dans le Puy-de-Dôme. Arrêté et déporté, il meurt dans un camp de concentration à Buchenwald, le 21 janvier 1945. Un de ses fils a servi comme pilote allié, un deuxième a été également déporté en Allemagne. Marguerite Michelin, femme de Jean, deuxième fils d’André, a été déportée en Allemagne pour avoir caché des prêtres résistants recherchés par la Gestapo. En partie grâce au patriotisme de plusieurs membres de la famille et à leur contribution à la Résistance, Michelin échappe à la nationalisation après la guerre, contrairement à l’entreprise de Louis Renault.

En conservant son siège social depuis 1889, le célèbre fabricant mondial de pneumatiques a grandement contribué à façonner la ville et participé à son développement et à son rayonnement. Le stade Marcel-Michelin en est une des preuves. Temple du rugby clermontois, il est construit en 1911, et il ne cesse de s’agrandir et d’évoluer avec l’ ASM. Les touristes peuvent aussi se rendre à l’Aventure Michelin, située derrière le stade. Il est labellisé Tourisme et Handicaps. L’Aventure Michelin est un parcours scénographique de 2000 m2 qui met à l’honneur l’entreprise représentée par le légendaire Bibendum. Grâce à une mise en scène originale et interactive, le musée dévoile l’histoire, l’actualité et l’avenir de Michelin, du premier pneu démontable à la future roue lunaire, en passant par les cartes et les guides.

Non loin du stade, dans l’impasse perpendiculaire à la rue d’Estaing, le long du mur qui ceint la caserne du 92e R.I, une plaque commémorative en mémoire de 20 résistants fusillés par les Allemands le 20 décembre 1943.

Dans la rue d Estaing, longez le centre Hospitalier universitaire sur la gauche, et la caserne à droite jusqu’à la rue Auger.

Huitième étape : la caserne du 92e Régiment d’Infanterie

Découvrons l’histoire de la caserne du 92e Régiment d’Infanterie pendant la guerre et pour les clermontois mieux connu sous le diminutif “le 92” . C’est à la fois un centre disciplinaire où l’on trouve des militaires allemands indisciplinés, une maison d’attente pour des transferts dans des camps de concentration et une maison d’arrêt pour les résistants qui attendent dans ce lieu la décision de la Gestapo. Après l’invasion de la zone sud, le 11 novembre 1942, les troupes allemandes vont prendre possession des bâtiments de la caserne du 92e à Clermont-Ferrand. Le 27 novembre, le 92e RI est cerné et démobilisé en quelques heures par les Allemands.

Il est alors dissout comme la majorité des régiments situés sur le sol français. Du 11 novembre 1942 à fin août 1944, la prison militaire allemande du 92 a détenu une grande partie des résistants internés et des personnes raflées de la région Auvergne avant leur déportation. Dans le Puy-de-Dôme, deux lieux de détention existaient : la Maison d’arrêt de Clermont-Ferrand et celle de Riom où étaient internés essentiellement des prisonniers politiques. Avant d’être enfermées à la prison du 92, les personnes subissaient, à la villa « Renée » du 2, bis avenue de Royat, à Chamalières, un ou plusieurs interrogatoires ainsi que des tortures par les membres du SD allemand.

La caserne est rarement ouverte au public. Il faut profiter des journées du patrimoine ou de certains événements commémoratifs pour découvrir les anciennes prisons et le destin de certains prisonniers comme celui d’Hélène Villeroy. Elle avait 16 ans lorsqu’elle a été arrêtée par les Allemands, le 21 Juillet 1944 à Bourganeuf (Creuse). Transférée à la prison militaire du 92 e RI, elle a fait partie d’un convoi de 70 déportés juifs au départ de la capitale auvergnate, le 18 août 1944 pour Auschwitz. Grâce au travail de Serge Klarsfeld (écrivain, historien et avocat français, défenseur de la cause des déportés juifs en France), nous savons qu’il s’agit du dernier convoi racial parti de France. De même, Pierre Mendès France, célèbre homme politique et d’Etat français, a été emprisonné au 92. En effet, le 9 mai 1941, le tribunal militaire de Clermont-Ferrand le juge et le condamne à six ans de prison. Alors lieutenant de l’armée de l’air, il est accusé de désertion par le régime de Vichy, alors qu’il tentait rejoindre son unité en Afrique du Nord pour poursuivre le combat. Par la suite, il parvient à s’échapper et rejoint le général De Gaulle à Londres, en février 1942.

Revenez sur vos pas pour reprendre le tram au stade pour Montferrand où plusieurs arrêts sont possibles : la place de la Fontaine, le Musée d’Art

Neuvième étape :Montferrand

Autrefois une ville comtale et autonome, Montferrand est aujourd’hui un quartier de Clermont-Ferrand conservant une certaine autonomie par son éloignement géographique du centre-ville que forme l’ancien Clermont et par le droit de conserver une mairie annexe. Le quartier de Montferrand garde une identité forte et différente du reste de la ville. C’est l’un des plus anciens de France. Il a conservé son plan médiéval en bastide et de remarquables hôtels particuliers. Au fil des rues, un répertoire de demeures urbaines de la période romane au XVIIIe siècle, et une empreinte médiévale toujours bien lisible.



Lors de cet arrêt, les touristes sont invités à se rendre dans le cimetière de Montferrand et se recueillir au carré militaire de 1939/1945 où sont inhumés 134 maquisards dont certains sont inconnus.

Bordant les remparts de l’enceinte sud du quartier historique de Montferrand, le musée des Beaux-Arts rebaptisé Musée d’art Roger-Quilliot du nom d’un ancien de l’ancien maire, est installé de puis 1992 dans l’ancien couvent des ursulines, classé Monument historique. Il détient une magnifique collection de beaux-arts du Moyen-Âge au XXe siècle : peinture, sculpture, arts décoratifs, arts graphiques, photographie sont présentés sur 6 niveaux, dont des chefs d’œuvres de Chassériau, Doré, Bartholdi ou Fragonard. Le musée qui bénéficie de l’appellation “Musée de France” se positionne comme un établissement culturel phare de la région Auvergne-Rhône-Alpes . Il est accessible pour les personnes handicapées.

Reprenez le tram jusqu’à l’ arrêt Collège Albert camus pour le quartier de La Plaine

Dixième étape : La Plaine

Il faut emprunter la rue du Cheval puis la rue Diderot pour se rendre dans le quartier de la Plaine. Quartier populaire, la Plaine accueillait les cités ouvrières de Michelin. Le 22 juillet 1944 a eu lieu une grande rafle. 123 personnes sont arrêtées, soupçonnées d’aider les résistants du Mont-Mouchet. Le quartier a été encerclé par les Allemands et la milice. Mais cette opération est un échec. Aucun « terroriste » n’est arrêté. Finalement, seulement dix-huit personnes sont retenues dans un établissement de la milice, place Delille. La Plaine était un centre de résistance actif. Des familles entières ont été décimées. En 1946, les habitants ont financé par souscription l’édification d’un monument aux morts place Verlaine. 50 noms sont inscrits sur le monument : six morts aux combats de 1939-1940, 20 morts en déportation et 24 tués au maquis.

Non loin de ce quartier, nous pouvons trouver le stade Leclanché. Les Leclanché était une famille active dans la résistance. Ils étaient trois enfants, Edmond, Simone et Camille. Pour échapper au Service du Travail Obligatoire, Camille a pris le maquis comme de nombreux jeunes. Il prend le pseudonyme de Buron dans le premier Corps-Francs d’Auvergne et est chargé au sein d’une équipe de réaliser les principaux sabotages de la région Auvergne.

Cette équipe est à l’origine des opérations les plus remarquables, les plus nombreuses et les plus osées. Entre autres, le 31 juillet 1943 en plein midi, destruction du matériel aux imprimeries Saint-Louis à Clermont et notamment la rotative imprimant Le Moniteur, journal de Pierre Laval, ou encore le 1er août 1943 sabotage d’un transformateur électrique de l’usine Michelin. Camille Leclanché est arrêté une première fois le 24 septembre 1943 à Issoire, une seconde fois le 15 janvier 1944, à La Bourboule (un de nos itinéraires de randonnée mentionne l’arrestation de Camille Leclanché à la Bourboule : c’est par ici!). D’après divers témoignages, le 2 mars 1944, il été vu porté inanimé par deux soldats allemands dans une camionnette. Une heure après que la camionnette soit revenue, elle était vide. On perd alors sa trace, son corps n’a jamais été retrouvé.

Après la disparition de Camille, c’est son frère Edmond, alias Tonio qui prend sa place au service des sabotages, et ce jusqu’à la Libération. Sa soeur Simone, agent de liaison, est arrêtée le 3 mars 1943 et déportée alors qu’elle apportait du linge à son frère. Revenue de déportation, elle décède en 1946 suite à un accident de voiture. Elle repose au cimetière des Carmes.

Camille Leclanché reçoit la mention “Mort pour la France” et la Médaille de la Résistance, à titre posthume. Son nom est inscrit sur une plaque commémorative à l’église Jeanne d’Arc ainsi que sur le monument commémoratif à l’Association Sportive Montferrandais et un stade porte le nom de Camille et Edmond Leclanché.

Categories Itinéraires Clermont et ses environs

1 réflexion sur « Itinéraire Clermont Tram’mémoire »

  1. dominiquefervelorangefr 2 août 2022 — 17 h 01 min

    Bien vu..
    Il faudrait ajouter une carte du circuit..

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