Itinéraire de Besse

Localisation (départ) : Besse
Mode de déplacement : Pédestre
Distance : 2,34 km
Durée : 54 min
Dénivelé : 30 m
Difficulté : Facile
Faisable toute l’année
Le point près de la station biologique n’est pas accessible aux personnes à mobilité réduite. Cependant, le centre de Besse est accessible.

Pourquoi ? La commune de Besse possède une histoire riche concernant des événements de la Seconde Guerre mondiale. La rafle de Besse est le fait le plus marquant. Il est donc pertinent de valoriser la mémoire de cette histoire associée au patrimoine culturel et historique important de la cité médiévale.

Où ? Bourg et aux alentours de Besse

Intérêts ? Cette randonnée permet d’éclairer les touristes et les habitants sur les faits historiques marquants de la Seconde Guerre mondiale que nous avons recensé sur la commune de Besse. Cette visite est également une manière de visiter les lieux touristiques tout en découvrant la mémoire résistante de Besse.

Carte

Victor Canitrot, QGIS

Présentation détaillée de la randonnée

Première étape : Départ du Château du Bailli

Les randonneurs commencent la visite de la cité médiévale de Besse par un monument historique conservé par la ville : le château du Bailli. Celui-ci a été construit durant le XVe siècle pour le représentant des seigneurs de la Tour-d’Auvergne. Ce dernier était chargé de collecter l’impôt, de faire respecter la justice et d’organiser la sécurité de la cité. Aujourd’hui, il ne reste du château du Bailli que la façade, la toiture, la tour et quelques éléments de défense. Un panneau pédagogique a été mis en place par l’office de tourisme devant le château pour les randonneurs.

Deuxième étape : l’église Saint-André

L’église Saint-André a été construite sur une coulée de lave entre les XIe et XIIe siècles, et détient une place importante dans le patrimoine bâti de Besse. Tout d’abord, les plans originaux ont été modifiés à plusieurs reprises, ce qui rend la construction unique. D’une inspiration de départ romane, ont été ensuite ajouté un chœur gothique au XVIe siècle ainsi qu’un porche et des chapelles latérales de type ogivales (c’est à dire avec des plafonds en forme d’ogive) au XVIIe et XVIII siècles.

De plus, son architecture est particulièrement impressionnante : de par ses sculptures, son orfèvrerie et ses menuiseries… On retrouve des chapiteaux décorés de feuillages ou avec des scènes représentant des centaures, la Passion de Saint-André, et des stalles en bois du XVIe siècle comportant des sculptures de miséricordes, la Vierge noire de Vassivière… L’église est, par ailleurs, classée monument historique depuis 1886.

Concernant la Seconde Guerre mondiale, il faut remettre en contexte les mouvements et l’apparition de la résistance à Besse. Les premiers à s’insurger contre le régime de Vichy sont les militaires, en 1940. À Besse, André Vallon, un ancien technicien militaire de l’armée, cache un camion d’armes dans une grange situé sur la place du Petit Mèze. Ce camion y reste pendant deux ans. On observe ensuite une résistance civile, en juillet 1941, avec la participation d’anciens militants syndicalistes : André Rouville et Georges Giraud, ramènent le journal résistant clandestin Libération à Besse, et charge leurs contacts Raymond Soulier, Félix Juilhard (Zozo) et Thérèse Tartière, l’épouse de Vallon, de le diffuser.

Le journal appelle les habitants à la résistance¹. Le mouvement Libération a été fondé en 1940 par Emmanuel d’Astier de la Vigerie à Clermont-Ferrand, Jean Rochon, secrétaire de rédaction à La Montagne, Lucie Aubrac et Raymond Perrier qui était secrétaire fédéral de la CGT. Il faut noter que les trois premiers numéros du journal clandestin ont été réalisés dans l’imprimerie de monsieur Boissier, à la Bourboule. Ensuite, l’impression s’est réalisée à Clermont-Ferrand puis à Lyon². Si on note l’apparition d’un réseau de sédentaires à Besse, ces derniers sont assez bien cachés.

Troisième étape : Stèle commémorative Legros

Marie-Louise et Robert Legros, respectivement receveuse et postier, travaillent à la poste de Besse. Ils sont tous deux des résistants. Marie Louise intercepte les courriers et les communications de la milice et en informait les Résistants. Son mari, Robert Legros est emprisonné en Allemagne en tant que prisonnier de guerre en 1940 et, pendant cette période, il apprend à parler l’allemand. En 1942, il est libéré et intègre la résistance à Besse.

Lors de la rafle du 3 avril 1944, monsieur Legros, lors de sa tournée, tente d’alerter les autres résistants de la présence des Allemands et de la milice dans la cité médiévale. En parallèle, Marie Louise prévient les résistants par téléphone, mais cette dernière étant mise sur écoute, elle se fait prendre par les Allemands. De retour à Besse, Robert Legros refuse d’ouvrir son sac aux Allemands ; il est arrêté.

Marie Louise Legros est déportée le 30 juin 1944 vers Ravensbruck et meurt gazée en 1945, à l’âge de 51 ans. Son mari est déporté au camp de concentration de Dachau puis au camp de Struthof en Alsace où il meurt à l’âge de 44 ans. Ils avaient un fils, Georges Legros, alors âgé de 26 ans, qui travaillait en tant que cuisinier dans un hôtel au Mont-Dore³.

Quatrième étape : Le jardin clos du Rempart

Ce jardin a été créé à l’initiative du service patrimoine et espaces verts de la commune de Besse afin de sensibiliser les touristes et les habitants au respect de l’environnement. Le service propose donc des animations et des ateliers autour du compostage et à l’utilisation de pesticides naturels. Ce jardin est composé d’une diversité de végétaux dont des plantes pharmaceutiques et plantes à fibre. Le but étant à long terme de fleurir le centre de Besse avec uniquement des végétaux locaux⁴.

Cinquième étape : Monuments des martyrs

Ce monument aux morts rend hommage aux personnes décédées lors de la Première et Seconde Guerre mondiale.

Sixième étape : Stèle commémorative Louis Lavergne

Louis Lavergne, gendarme et résistant, avait pour mission de distribuer les lettres du service du travail obligatoire (S.T.O) et conseillait aux jeunes de s’engager dans la résistance plutôt que de travailler pour le régime nazi. Lors de la rafle de Besse, les soldats allemands recherchent des informations sur des résistants et se rendent donc au domicile de Louis Lavergne. Les Allemands sont accueillis par son fils. Ils demandent donc à l’enfant de les conduire à son père, qui à ce moment-là, pêchait près de la station biologique. En voyant arriver les Allemands au loin, Louis Lavergne tente de fuir à travers un champ, mais se fait tirer dessus. À terre, il se fait tuer devant son fils et le gardien de la station biologique, Adrien Trapenat. Il est enterré dans le cimetière de Besse⁵.

Marie Léger, service patrimoine de la mairie de Besse.
Photo de Louis Lavergne.

Septième étape : Ancien hôpital de Broglie/Maison Tournardre

Cette bâtisse est construite à l’initiative de Marie de Broglie, l’épouse de Victor Maurice, seigneur de Besse en 1668. Elle fut une boutique, puis une maison de charité. L’une des principales raisons de la création de cet hôpital était politique : Les De Broglie cherche à imposer leur pouvoir à travers cette maison⁶.

Huitième étape : musée du Ski/Maison de la reine Margot

Crédit photo : Richard LECHEVALLIER

Au XXe siècle, Besse devient une ville assez touristique. C’est par sa notoriété et la forte influence de visiteurs que la ville introduit en 1902 la pratique du ski par l’Abbé Blot. La famille Michelin participera même à l’extension de cette pratique hivernale en prenant part à la création du ski-club. À travers ce musée, les touristes peuvent découvrir les origines de ce sport, mais également l’évolution des pratiques du ski. On retrouve aussi une histoire du ski centré sur la commune de Besse. Enfin, d’autres pratiques hivernales très diverses telles que les chiens de traîneaux, le patin à glace et autres sont présentées⁷. Le musée du Ski est le 1er musée français créé en l’honneur de ce sport. Il est notamment possible d’avoir une visite commentée par le créateur. Conçu au sein de la Maison de la Reine Margot, le musée possède une importante collection de skis.

Maison de la reine Margot :

Construit au XVe siècle, la bâtisse repose sur une légende selon laquelle Marguerite de Valois y aurait résidé lors de sa fuite pour échapper à son frère, le roi Henry III. Ce n’est qu’une légende, mais la maison a été pendant un temps la plus luxueuse de Besse. Aujourd’hui, elle abrite le musée du Ski. Fille du roi Henry II et de Catherine de Médicis, la Marguerite de Valois était une princesse de Valois-Angoulême.

Devenant reine de Navarre en 1572, elle devint en 1589 Reine de France lorsque son époux Henry IV accède au trône. Un conflit entre le roi Henry III et les Malcontents (fervents supporteurs de la cinquième guerre des religions), pousse Marguerite à prendre le parti de François d’Alençon, son second frère, qui est allié aux idées des Malcontents. En 1585, elle se rallie au parti de la Ligue catholique, ce qui la pousse à devoir vivre en exil. Elle se cacha alors pendant plus de vingt ans en Auvergne. Dans un premier temps, elle prend possession du Château d’Ibois duquel elle fut rapidement chassée par les troupes royales de son frère. Elle est alors assignée à résidence dans le château d’Usson. Elle arrive à fuir en soudoyant un des gardiens⁸.

Neuvième étape : Le Beffroi

Le Beffroi de Besse s’avère être un excellent exemple de l’architecture militaire et emblématique de la ville. Construit à l’origine pour contrôler l’entrée des hommes et des marchandises extérieurs à la cité médiévale, le Beffroi est aujourd’hui une des attractions touristiques incontournables du bourg.

Cependant, ce lieu emblématique fut délaissé pendant des années, avant d’être partiellement reconstruit au XXe siècle.


« Le passage à angle droit, verrouillable par une herse (disparue), est précédé d’une barbacane à chicane qui permettait de protéger la porte et offrait un point saillant à couvert. Il est surmonté d’une tour carrée (inaccessible au public), comprenant un escalier en colimaçon et plusieurs pièces (logis, salle des gardes, etc.). L’édifice est couronné par une horloge et un lanternon à cloche, eux-mêmes surmontés par une girouette à tête de loup. »

Durant la rafle de Besse, les armes des résistants étaient cachées dans certains lieux de la ville. Lucien Sacha et Jules Trapenat cachaient des armes dans les caveaux du cimetière de Besse, mais également au sein du Beffroi, ou de l’école, sous l’estrade de la classe de Madame Soulier, la femme du résistant Raymond Soulier, dit « Chausson ». Prévenue de l’arrivée des Allemands elle ne s’était pas rendue à l’école ce jour-là pour ne pas se faire arrêter.

Les Allemands ont fouillé l’école sans jamais trouver le dépôt d’armes. Ils recherchaient également des enfants juifs, mais ce jour-là, les familles avaient été prévenues et les enfants n’étaient pas venus à l’école. Le soir même, les résistants Balança, Soulier et Zozo déplacent les armes et demandent au père de Pierre Delquaire de les cacher sous l’hôtel du Beffroi. Elles sont déplacées ensuite⁹. André Vallon avait caché des armes dans une grange située sur la place du petit Mèze. Aujourd’hui, c’est une auto-école.

Malaurie Patural, M1 DPEC

Dixième étape : Monument commémoratif du canton de Besse

Ce monument aux morts a été édifié en mémoire des résistants auvergnats morts pour la France durant la Seconde Guerre mondiale et plus particulièrement lors de la rafle de Besse.

Rafle de Besse

Durant la Seconde Guerre mondiale, des habitants de la commune de Besse se sont très rapidement organisés pour lutter contre les Allemands et le régime de Vichy. Dès 1941, des tracts et des journaux de résistance imprimés à la Bourboule sont apportés à Besse par Georges Giraud dit César, un résistant de la première heure. Ce dernier compte sur ces contacts pour les distribuer : Félix Juilhard dit Zozo, Thérèse Vallon-Tartière, Louis Viez…

C’est ainsi que les premiers actes de résistance Bessois apparaissent. On peut notamment mentionner Jules Balança, inspecteur aux indirects sur la place de Gayme, qui organise un réseau de résistants sédentaires. Ces derniers sont des agents de liaison pour le maquis et assument une position compliquée et dangereuse, car ils peuvent être dénoncés facilement. Pierre Delquaire raconte notamment avec quelle prudence son père, Louis Delquaire, essayait de recruter des résistants au sein de son équipe de pompier pour cacher des armes parachutées dans le Sancy. Mais si Besse est témoin du développement de la résistance, elle l’est aussi de la répression de la Gestapo.

En 1944, la répression s’intensifie. L’intégralité du territoire français est occupée par les Allemands, et ces derniers cherchent activement à endiguer la résistance avec l’aide de la milice. Le 3 avril 1944, la Gestapo et la milice française encerclent Besse. Bloquant toutes les routes pour accéder à la ville, ils ont listé de personnes à arrêter. Cette rafle n’est donc pas arrivée au hasard : des résistants ont été dénoncés par un milicien. 26 personnes sont arrêtées, 21 sont déportés et 4 sont fusillés. Au total, seulement 11 personnes reviendront des camps.

Les victimes de la Rafle :

Jules Balança
Maurice Gayton
Marie-Thérèse Tartière/Vallon
André Bilbord
Paul Bion
Robert Chandezon
Gilbert Delescot
Antoine Duludeix
André Force
Claude Forge
Roger Gandeboeuf
Alphonse Gatignol
René Jalicourt

Jacques-François Lantznester
Monsieur Laurent
Louis Lavergne
Marie-Louise Legros
Robert Legros
Eugène Marmier
Marcel Gauthier
Roger Maury
Nicolas Milosevic
Jean-Charle Panchetti
Antoine Raynard
Pierre Ronzier
Jean Vantalon

Louis Dabert, alias Jean-Pierre

Juste à côté du monument aux morts, on retrouve une plaque érigée en l’honneur de Louis Dabert alias Jean — Pierre, chef du maquis de Belleguette. Il avait sous ses ordres près de 250 personnes, disséminées entre 3 maquis : Belleguette, le Bohaud et Groslier. Le 30 mars 1944, l’armée allemande envahi le maquis de Belleguette et arrête Jean-Pierre ainsi que 3 autres résistants.

Les membres du maquis de Bohaud essayent d’intervenir en tendant une embuscade au convoi allemand, mais celle-ci échoue et 5 maquisards sont tués. Parmi eux Jacques de Lallemant de Liancourt, Hugues de Finance, René Bayres et Michel Junger sont tués dans l’attaque. Emile Weiss, le cinquième, est fusillé. Louis Dabert alias Jean-Pierre est torturé avant d’être fusillé le 13 juillet 1944 dans la carrière d’Orcines avec 24 autres résistants.

Neuvième étape : Parc Louis Perrier

            Le parc Louis Perrier situé en plein cœur de la ville de Besse est un parc verdoyant. Il propose une multitude de jeux pour enfants (balançoires, toboggans, ponts suspendus)¹⁰. Des infrastructures diverses sont mises à disposition des promeneurs, comme de nombreuses aires de pique-nique.

Dernière étape : Manoir Sainte-Marie-des-Rempart

Construite par Ernest Barthélemy en 1935, ce manoir a une architecture unique, car il est composé de différentes parties de divers bâtiments de la ville de Besse. L’église, les remparts… Ces morceaux laissés à l’abandon ont permis de sauvegarder le patrimoine local et de créer un édifice tout à fait particulier¹¹.


Sources :
1. DELQUAIRE Pierre, intervention pour les cadets de la mémoire, sources personnelles, consulté le 30/03/2021.
2. GIACOMI Alain, musée de la Résistance 1940-45 en ligne, Libération zone sud N°1 juillet 1941, [en ligne], consulté le 30/03/2021, URL : http://museedelaresistanceenligne.org/media4654-i-LibA
3. LEGER Marie, 03 avril 1944 la rafle de Besse, [en ligne], consulté le 28/03/2021, URL : https://medium.com/@marieleger23/3-avril-1944-la-rafle-de-besse-49b28270006a
4. Sancy.com, le jardin clos du Rempart, Parc et jardin Besse-et-Saint-Anastaise, [en ligne], consulté le 28§03/2021, URL : https://www.sancy.com/patrimoine-culturel/le-jardin-clos-du-rempart/
5. Op cit, LEGER Marie, 03 avril 1944 la rafle de Besse
6. Mairie de Besse, [en ligne], consulté le 25/03/21, URL : https://mairiedebesse.com/fr/
7. Sancy.com, [en ligne], consulté le 25/03/21, URL : https://www.sancy.com/
8. Monumentum, [en ligne], consulté le 26/03/21, URL : https://monumentum.fr/maison-dite-reine-margot-pa00091898.html
9. DELQUAIRE Pierre, réunion du vendredi 05 mars à la mairie de Besse
10. Sancy.com, [en ligne], consulté le 25/03/21, URL : https://www.sancy.com/
11. Ibid

Categories Itinéraires Pays de Sancy

Laisser un commentaire

%d
search previous next tag category expand menu location phone mail time cart zoom edit close