Itinéraire de Ris à Châteldon

Localisation : Communes de Ris et de Châteldon
Mode de déplacement : randonnée – pédestre
Distance : 9,5 km
Durée : 2h
Difficulté : moyenne
Dénivelé : 350 m
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Pourquoi ? Découvrir deux communes immanquables de TDM, à travers leurs sites historiques et culturels. La proximité relative des deux communes permet une balade pédestre. Ce circuit allie la visite de bourgs emblématiques et balade nature.

? Entre Ris et Châteldon – circuit permettant la découverte des centres des deux communes et une balade au sein d’un écrin de nature.

Intérêts ? La découverte de sites culturels, historiques et/ou religieux relativement bien préservés. Les deux communes ont des trésors propres : le Château et l’eau minérale gazeuse de Châteldon et l’ancien prieuré et l’église romane de Ris.

Carte

Julien Chadeyron

Présentation détaillée de la randonnée

Première étape : le prieuré clunisien et son église romane

Ris et son ancien prieuré

La ville est fondée en 952 par les moines de Cluny qui ont la volonté d’y construire un monastère. Le prieuré occupait un tiers de la ville fortifiée. Son église romane, l’Église Sainte-Croix, est une des premières d’Auvergne (980 – 985 environ). Son architecture est d’origine carolingienne. Le voûtement de cet édifice, que l’on peut qualifier de comme “initial et précoce” est à l’origine de l’étroitesse de sa nef. Ces paramètres lui confère le statut d’église originale. Cette église est d’autant plus importante de par le fait qu’elle a servi d’expérimentation grandeur nature pour les sites clunisiens (son plan d’origine évoque fortement celui de Cluny II). L’église est classée dans sa totalité aux registres de Monuments Historiques (incluant donc le bâtiment en lui-même et les peintures décoratives en son sein).

L’église Sainte-Croix de Ris est un des patrimoines immanquables de ce circuit. En son sein, vous trouverez quelques trésors : 12 peintures murales remarquablement conservées datant d’entre le XIIème et le XVème et une copie de la vierge romane de Ris actuellement conservée au Musée du Louvre. Autour de l’église, les anciennes tours du prieuré témoignent de la présence effective de ce dernier. A noter également la présence de panneaux explicatifs relativement bien réalisés sur l’église ainsi qu’une installation de photographies anciennes dans les rues du bourg de la commune.

Devant l’église, un point est fait sur la vie du résistant et légionnaire Pierre Jean Anatole :

Né en 1913 à Ris, Pierre Jean Anatole est ingénieur en Travaux Publics lorsque la guerre commence. Il devient alors responsable du groupe de résistants de Ris en tant que “Capitaine Bernard”. Toutefois, deux jours après son mariage dans la clandestinité, il est arrêté le 20 avril 1944. Il est cependant relâché mais sous pression et surveillance allemande. Néanmoins, il poursuit ses activités dans la Résistance. Fin 1944, lors du repli allemand, il devient le Président du Comité Local de la Libération. Après la guerre, Pierre Jean Anatole prend le titre de maire de sa commune dans les années 1950. Peu après il est fait chevalier de la LH pour sa participation active dans la Résistance.

Deuxième étape : Place de la Mairie et son monument aux morts

L’institution se trouve au coeur du village. Les randonneurs peuvent stationner leurs véhicules dans les alentours immédiats. En face de la Mairie se situe un monument aux morts. A proximité, le visiteur peut s’arrêter pour découvrir René Henri Rios :

René Rios est né le 6 octobre 1925 dans une famille ouvrière. Encore jeune au début de la guerre, il doit partir en Allemagne dans les rangs du STO. Seulement il s’y refuse et il entre dans la clandestinité au sein d’un groupe de résistance de Ris en tant qu’agent de liaison. Malheureusement, le 20 avril 1944 les occupants débarquent sur le chantier où il travaille à Ris et il est fait prisonnier avec cinq autres camarades.

Il part dans un des trains de la mort le 25 juin pour arriver à Dachau le 2 juillet. Le 15 mai 1945, lorsqu’il est rapatrié en France après la Libération du camp, René, qui mesure 1m76, ne pèse plus que 37 kg et souffre d’oedèmes, de problèmes cardiaques et rénaux, de bronchite et de dysenterie. Par la suite, il intègre un atelier de verrerie dans lequel il travaille jusqu’en 1970, son corps lui faisant défaut. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1977 et meurt deux ans plus tard.  

Continuer sur la Rue de Châteldon (D113) en direction de Bardonnet sur 600 mètres (environ 10 min) et emprunter le chemin carrossable sur la gauche en direction de la Cascade du Saut du Loup, la troisième étape de ce circuit.

Troisième étape : la Cascade du Saut du loup

Située à la sortie du bourg de Ris en direction de la commune de Châteldon, le rocher du Saut du Loup se révèle au plus curieux d’entre nous, au sein d’une nature préservée. Le Saut du Loup est un rocher sur lequel coule une cascade d’une dizaine de mètres. Il porte ce nom car la légende dit que “le loup, chassé par le berger, fit le saut du haut du rocher”. Situé au coeur d’un espace de nature préservée et sauvage, ce site témoigne de la richesse naturel du territoire TDM.

En sortant du chemin carrossé, reprendre à gauche et continuer sur la D113 en direction de Châteldon. La route présente un cadre naturel et vert omniprésent jusqu’à l’entrée à Châteldon.

Arrivée sur Châteldon via la Rue des Ecoles. Passage avec vue sur le bourg et sur la partie haute de l’Église Saint-Sulpice. Continuer de marcher le long du Vauziron, jusqu’à atteindre le numéro UN de la Rue des Ecoles (face au café-restaurant Le St Nicolas et à la pharmacie), située à une proximité directe de la Place Jean Jaurès de Châteldon.

Quatrième étape : A la découverte de Châteldon : la Place Jean Jaurès

La Place Jean Jaurè est caractéristique avec ses maisons en pan de bois ou de pierre, son ancien Hôtel-Dieu et enfin son ancienne pharmacie, proche de la fontaine. L’hôtel-dieu comptait à l’épique huit lits et une chapelle. Il n’en subsiste aujourd’hui que la façade en pan de bois. L’ancienne pharmacie est dorénavant un lieu d’expositions et une résidence d’écrivains.

Sur cette même place, un panneau explicatif présente un enfant du pays qui a connu les camps de concentration : Joseph Bert :
Lorsque la guerre éclate, Joseph Bert est garde champêtre et père de cinq enfants vivant avec sa famille un peu à l’écart de Châteldon dans le village de Gimet. Il est arrêté le 20 avril 1944, suite à une lettre anonyme envoyée à la Gestapo, l’accusant de dissimuler des armes et des munitions pour aider les réfractaires du STO et les maquisards.

Durant sa captivité avec un autre proche de la Résistance, ils souffrent tous deux de mauvais traitements avant d’être envoyés le 2 juillet de la même année par un des trains de la mort vers Dachau. Pendant ce convoi, son co-détenu Albert Cognet, décède. Joseph revient du camp dans un état déplorable, blessé. Remis de cette épreuve, il est employé à la CEA (Commissariat à l’Energie Atomique) à Lachaux. 20 ans après son arrestation, il est décoré de la Légion d’Honneur. Il meurt en 1974 dans cette même ville.

Cinquième étape : Les alentours du Château

Le monument, facilement identifiable, s’érige en maître et domine la commune. Construit au XIIème siècle, la demeure a connu des modifications aux XVème et XIXème siècle. Une chapelle a été construite en son sein au XIVème siècle. Le château est passé aux mains d’un nombre considérable de propriétaires. Fermé au public et à la visite, la forteresse est le sujet de diverses histoires, notamment autour de son dernier propriétaire, Pierre Laval et de sa fille unique Josée de Chambrun, a qui le domaine a été restitué en 1948. Le château fort appartient aujourd’hui à la Fondation Josée et René de Chambrun. Une chapelle se trouve en son sein. Le monument est classé Monuments Historiques depuis 1926.

Sixième étape : le Beffroi

Le beffroi de Châteldon est inscrit au titre des Monuments Historiques depuis 1926. Il faisait office de porte de la ville au XIVème siècle.

Septième étape : La rue Louis-Duclos

Le long de la Rue Louis Duclos, deux sites suscitent l’intérêt. Premièrement, une maison construite en pisé se démarque des autres habitations. Le pisé est une méthode de construction locale, en terre crue. Pour former les murs, la matière est érigée à l’aide de coffrages appelés banches. La façade est d’une couleur entre l’ocre et le brun, et se dissocie des autres façades plus traditionnelles des maisons du centre de Châteldon. La maison se situe sur votre droite lors de la montée de la rue Louis Duclos.

Deuxièmement, l’usine d’eau minérale gazeuse La Châteldon ainsi que les sources de cette eau. Cette eau minérale gazeuse est produite en une quantité limitée, de par son débit réduit. C’est une eau qui est servie sur les plus grandes tables, dans les restaurants étoilés notamment. Elle est en effet considérée comme la “Rolls-Royce des eaux minérales”. Louis XIV était d’ailleurs un consommateur de cette boisson, qu’il faisait venir jusqu’à Versailles pour soulager ses problèmes de digestion.

“ Les eaux de Châteldon guériront Votre Majesté quelquefois, la soulageront souvent et la consoleront toujours ” Fagon, Médecin de la Cour sous Louis XIV.

Revenir sur ses pas, et poursuivre la balade via la rue de l’Aire pour longer Le Vauziron et continuer sur la rue des Remparts. Ce lieu de balade et de détente agréable permet de rejoindre rejoindre l’Église Saint-Sulpice où un nouveau point sur l’histoire de la ville attend les randonneurs.

Les maquisards et l’hôtel de ville

Le 14 août 1944 , 12 maquisards quittent le maquis du Col de Chansert avec un camion gazogène afin de récupérer du matériel en désarmant les GSP (Groupe Spécial de Protection), unité de 257 hommes chargé de la protection du Président Laval à résidence ou lors de ces déplacements. Ils réussissent à pénétrer dans la ville où ils récupèrent à l’hôtel de ville le drapeau de la Légion française des combattants, alors devenu symbole de victoire pour le groupe. Alors que les allemands, prévenus de leur arrivée, ont installé une mitrailleuse, les résistants parviennent à se disperser dans les vignes sous le feu nourri.

Etape bonus à la Mairie : La Marianne de Châteldon :

La Marianne de Châteldon est une oeuvre de Paul Graf. Elle a été commandée en 1913 par le maire de la commune, Joseph Claussat. Le modèle de cette Marianne fut Thérèse Rongère, ancienne secrétaire de mairie et épouse du garde champêtre de l’époque. Ce Buste de la République est étonnant de par sa taille : 1,35m. Il a été une des pièces centrales d’une exposition à Paris, exposant les 54 Marianne les plus originales de France. Ce buste atypique de Marianne est toujours conservé au sein de la Mairie de Châteldon.

Huitième étape : l’Eglise Saint-Sulpice

L’église de la commune a subi plusieurs modifications : le clocher a été surélevé à l’époque moderne, une sacristie et des chapelles ont été ajoutées. L’édifice est inscrit au titre des Monuments Historiques. Le granit gris qui compose le monument est de provenance locale. Isabelle de Montaigu serait à l’origine de sa fondation ou de sa modification. L’église aurait été un site de défense privilégié, se situant en avant du château fort.

Après la découverte et la visite de ce site religieux, dirigez-vous vers le monument dédié à Joseph Claussat. Le monument se trouve juste en face de l’Église.

Neuvième étape : Le monument dédié à Joseph Claussat

Joseph Claussat est un enfant du pays. Il effectue sa scolarité sur le territoire, en étudiant au collège de Thiers notamment. Il poursuivra sa scolarité dans un lycée de Châteauroux et aux Université de médecine de Clermont et de Lyon. En juin 1907, il devient conseiller général du canton de Châteldon. En mai 1908, il est élu maire de la commune et gardera ce statut jusqu’à sa mort. Il sera également au cours de sa vie, député du Puy-de-Dôme (1911 – 1925).

Joseph Claussat était aussi connu comme étant le beau-frère de Pierre Laval, autre personnage notable et ayant des attaches avec la commune de Châteldon. Ce dernier épouse en effet la soeur de Joseph Claussat, Jeanne Claussat, en l’église du village. Son buste figure à l’entrée de Châteldon et une rue de la commune porte également son nom.

Au carrefour, empruntez la route pour prendre un peu de hauteur. A la sortie du virage. Une vue imprenable sur Châteldon et son château vous y attend.

Une fois que vous avez profiter de ce panorama d’ensemble, revenez sur vos pas jusqu’au buste de Joseph Claussat. Ensuite, poursuivre tout droit sur le Boulevard des Etats-Unis jusqu’au monument aux morts.

Dixième étape : le monument aux morts de Châteldon

Ce monument n’est pas commun, car considéré comme un monument aux morts pacifiste , il est d’ailleurs le seul du territoire de la communauté de communes Thiers Dore et Montagne. Il est noté, à sa base, “À ses enfants victimes du nazisme”. Au moment de la commande de ce monument, c’est Joseph Claussat qui était alors maire de la commune de Châteldon. On peut supposer que la volonté d’un monument pacifiste vient directement d’un souhait propre de ce maire.

Le monument est installé sur l’esplanade Claude Servajean, qui mérite lui aussi un arrêt sur son parcours :

Né à Châteldon, Claude Servajean a à peine 20 ans lorsqu’il est envoyé au front pendant la Première Guerre mondiale. Il combat dans les tranchées de Verdun où il sauve son supérieur, ce qui lui vaut à la fin du conflit la Croix de Guerre. Dans les années 1920-1930, il construit sa vie de famille : il se marie et devient père de 4 enfants. En cette période, il travaille chez Michelin et est même un syndicaliste de l’entreprise.

Malheureusement, dès 1940, Claude est privé de ses libertés syndicales. Il est arrêté pour ses convictions politiques le 19 décembre 1940, puis par la suite interné dans un camp de prisonniers politiques en Haute-Vienne sans permissions, dans lequel il restera enfermé jusqu’au 2 janvier 1942.

Rapidement après son retour en Auvergne, il intègre les FTPF en tant que lieutenant tout en poursuivant son activité professionnelle. Pour son engagement dans la Résistance, il est arrêté de nouveau le 19 juillet 1944 sur son lieu de travail à la Société des Brevets. Peu après il est déporté dans un camp de concentration en Autriche où il décède de dysenterie le 18 décembre de la même année. Il obtient alors à titre posthume la Légion d’Honneur pour sa participation active et réitérée à la défense de la France.

Onzième étape : Retour à la Mairie de Ris

Après 45 minutes de marche depuis Châteldon, arrivée à la Mairie de Ris !


Sources :
GILLET L., Déporté, autoédité, 45p.
DUBIEN Marius, Bulletin du cercle, “À Châteldon, le maquis du Col de Chansert désarme les gardes de Laval”, Mars 2000, n°3, p.28.

Categories Itinéraires Pays Thiernois

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